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AccueilCélestin Bedzigui : «Créer une monnaie Cemac autonome»

Célestin Bedzigui : «Créer une monnaie Cemac autonome»

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Le Président du Parti de l’Alliance Libérale (Pal) est convaincu de ce qu’une monnaie unique pour les Etats membres de la sous-région les libérerait de l’asservissement vis-à-vis de a France et son Cfa. Célestin Bedzigui s’exprime en marge de l’actualité relative au sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cemac, qui s’est ouvert le 25 octobre à N’Djamena au Tchad.

Le Président du Parti de l'Alliance Libérale (Pal) est convaincu de ce qu’une monnaie unique pour les Etats membres de la sous-région les libérerait de l’asservissement vis-à-vis de a France et son Cfa. Il s’exprime en marge de l’actualité relative au sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cemac

La question de la dévaluation du franc Cfa revient dans les débats. D’ailleurs, le sommet extraordinaire de la Cemac qui se tient en ce moment à N’Djamena contribue à alimenter la rumeur sur une possible dévaluation. Quelle est votre position sur une probable création d’une monnaie en zone Cemac ?

Face aux rumeurs de dévaluation du Fcfa,  il est impératif de créer une monnaie Cemac autonome, étape intermédiaire avant la création d’une monnaie unique africaine. Décision qui serait cohérente avec la création récente de la zone de libre échange africaine d’une part et, d’autre part  aurait l’effet immédiat de mettre un terme à  l’esclavage monétaire vis à vis de la France auquel le Fcfa soumet nos pays. Il est en effet plus que temps de rompre  ce nœud gordien qui lie le Fcfa au Trésor Français en nous désengageant du compte d’opération où doit être déposé une part substantielle de nos  réserves de change.

On parle beaucoup de créer une monnaie en zone Cemac, concrètement, avez-vous déjà pensé à une monnaie qui serait utilisable dans l’immédiat ?

Le pas décisif et significatif serait la création d’une monnaie Cemac  qu’on nommerait le Fako, renvoyant au plus haut sommet de la sous-région. Une monnaie dont la parité initiale sera adossée sur un panier des devises des plus importants partenaires commerciaux de la Cemac/ Ceeac à savoir  €, $, £, Roupie indienne,  Yen japonais,  Yuan chinois… Cette initiative répondrait à l’urgence de se libérer de la camisole de force qu’est devenu le Fcfa Cemac, qui, en contradiction flagrante avec le potentiel de richesses des pays de notre sous-région est devenu l’outil principal d’une manipulation politique permanente dont le but n’est autre que de faire croire à la faiblesse de nos économies et d’accentuer ainsi le contrôle que le France y exerce.

Cette monnaie pourra-t-elle se déployer de manière efficiente dans les Etats membres quand on sait que la Cemac est elle-même déjà une entité de modèles économiques divergents ?

Sur la voie d’une émancipation politique et économique devenue aujourd’hui impérative, ce serait en fait l’étape décisive vers la création de la Confédération d’Afrique Centrale, les étapes suivantes devant être la mise en place d’un ministère  unique de l’Économie et des Finances pour la sous- région, suivie de l’institutionnalisation politique de cette Confédération avec une gestion et une planification centralisée des domaines monétaires, budgétaires, diplomatiques,  sécuritaire,  énergétique,  infrastructurelle et éducationnel au niveau des études supérieures. Il est en effet stupide de continuer à parler d’un Cfa Cemac se définissant par rapport au Franc français qui n’existe plus. Tout autant qu’il l’est  aussi de croire que des États dont les politiques fiscales, budgétaires, monétaires et commerciales sont différentes voire antagoniques tel que l’illustre la signature en solitaire des Ape par le Cameroun,  peuvent avoir une monnaie commune sans un cadre institutionnel unique et coercitif. Lire aussi :Dévaluation du Fcfa : le Fmi fait pression, la Cemac rejette

Sauf que la question de la valeur de la devise, le Fako, fragiliserait l’expansion de cette monnaie. Comment réussira-t-on à l’imposer dans les échanges commerciaux extérieurs ?

C’est pour cette raison qu’à cet acte d’émancipation monétaire devra être combinée une politique de soutien du Fako, par une stratégie reposant  sur deux mesures. La première mesure  serait de tirer avantage de notre position de fournisseurs exclusifs ou principaux de matières premières à nos partenaires en exigeant que les paiements de leurs achats se fassent à 50% en Fako et à 50% en devises étrangères choisies de manière contractuelle dans le panier des devises déterminant la parité de notre monnaie. Cette mesure aura un double effet. En ce qui est du règlement à 50% en Fako de nos exportations, il favorisera le maintien  à  un niveau conséquent de la demande en cette devise, laquelle demande soutiendra  son cours à un niveau élevé préservant ainsi sa parité. Pour ce qui est du règlement en 50% en devises étrangères, il permettra d’alimenter notre stock en ces devises étrangères dans notre Banque centrale au comité directeur à laquelle ne siégera plus la France, pour pallier aux besoins suscités par nos importations,  sans avoir à payer le tribut qui nous est imposé par le dépôt de ces réserves de change dans le compte d’opération du Trésor Français. La deuxième mesure visera à réduire ou tout au moins de contingenter les importations de produits substituables par une production locale à  l’instar des produits alimentaires et des produits textiles qui grèvent lourdement notre balance commerciale et notre balance de paiement.

De manière pratique, comment cela va-t-il se passer ?

De manière pratique, il s’agira de limiter les importations de blé et de riz et de  soutenir parallèlement la production et la consommation des céréales et féculents locaux  pour lesquels nos pays ont un avantage comparatif certain. Il s’agira également, dans le textile, de limiter l’importation massive de friperie et autres vêtements de luxe occidentaux et plutôt d’encourager l’habillement en de tissus fabriqués en coton produit et transformé localement. Il est évident qu’un tel changement de paradigme nécessite une volonté  politique implacable.  Le poids économique et politique du Cameroun dans la sous-région autorise notre pays à prendre l’initiative de mener cette bataille suprême de l’émancipation économique de nos pays avec une probabilité élevée de réussite, tout n’étant en fin de compte qu’une question de leadership déterminé. Pourquoi n’oserions nous pas ?

Source Le Messager

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