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AccueilSystème éducatif/Uniforme scolaire : Quelle utilité ?

Système éducatif/Uniforme scolaire : Quelle utilité ?

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L’école qui reprend le 4 septembre prochain, est devenue depuis longtemps un cauchemar pour les parents, au vu des dépenses qu’elle engendre, même celles qui pouvaient être évitées. C’est le cas des dépenses liées à l’acquisition de l’ uniforme scolaire, devenue obligatoire de la maternelle au primaire dans toutes les écoles en zones urbaines. Paradoxalement les écoles de même niveau dans les zones rurales ne s’encombrent pas des uniformes, sans que cela ne modifient le programme scolaire ni la qualité. Sur le plan légal, aucun texte n’autorise le port des tenues dans les écoles primaires, aucun ne l’interdit non plus. Donc, comme on dit en droit, ce qui n’est pas interdit est autorisé…

Sur le plan légal, aucun texte n’autorise le port d'un uniforme dans les écoles primaires, aucun ne l’interdit non plus. Ce qui n’est pas interdit est
Roland Tsapi.

Historiquement, la tenue scolaire ne trouve ses origines dans aucune coutume camerounaise. On ne parlait alors à l’école que de la tenue du défilé pour le 20 mai et le 11 février, qui se résumait à l’époque au boubou cousu avec un pagne aux effigies du feu président Ahidjo. La pratique s’arrêta d’ailleurs dès 1982, quand il démissionna de la magistrature suprême.  La tenue scolaire est dès lors peu à peu entrée dans les habitudes avec l’influence des cultures extérieures, notamment occidentales et religieuses. Aujourd’hui le phénomène a pris de l’ampleur surtout avec le business qui s’est développé tout autour.

Dans le monde en général,  l’uniforme scolaire n’a pas réellement laissé de traces de son apparition, néanmoins on le retrouve dans différentes ethnies partout à travers le monde. Les plus anciennes traces dataient du Moyen-Age, mais l’uniforme que nous connaissons débute en Angleterre au 16e siècle, dans les écoles les plus démunies. Plus tard, Aux USA, on avait tendance à associer l’uniforme scolaire aux plus nantis. Dans ce pays, Au 18 e et 19 e siècle les écoles deviennent dangereuses et anarchiques, les familles les plus aisées prennent alors la voie des cours particuliers pour leurs enfants, qui portent des uniformes pour se distinguer.  Rapidement, l’uniforme devient une obsession, un signe de prestige et de haut statut social (par exemple, selon le nombre de boutons d’un blazer, on connait le rang de l’élève et ses privilèges). La discipline va peu à peu passer par les vêtements, l’uniforme scolaire va imiter l’uniforme militaire, c’est à dire qu’elle est maintenue par une hiérarchie autoritaire : les enfants portaient sur eux un signe constant de soumission.

Exhiber la fortune de ses parents

Mais dans notre société, ceux qui militent pour l’uniforme en milieu scolaire pensent plutôt que sans  ses ornements et des signes distinctifs, il permet de niveler la société. Tous les élèves sont à égalité, aucune possibilité pour un enfant d’exhiber la fortune de ses parents à travers ses vêtements et frustrer ainsi ses camarades. Le port de l’uniforme à l’école impliquerait alors une meilleure intégration des élèves, ceux-ci ne pouvant plus se définir en fonction des vêtements qu’ils portent, à partir des marques vestimentaires. D’autres arguments avancés en faveur de la tenue scolaire s’appuient sur  la laïcité, mettant en avant le fait que le port d’un uniforme permet de masquer les signes vestimentaires d’appartenance religieuse. Mais la raison cachée, est que le port d’un uniforme permet de porter les couleurs d’un établissement scolaire, faisant d’eux des ambassadeurs de l’établissement à l’extérieur, et renforçant ainsi l’unité des élèves en créant un sentiment d’appartenance. Mais il y a surtout un commerce derrière.

Sur le plan légal, aucun texte n’autorise le port d'un uniforme dans les écoles primaires, aucun ne l’interdit non plus. Ce qui n’est pas interdit est
Des élèves en cours.

Les arguments contre l’uniforme à l’école ne manquent pas non plus. Cette tenue est accusée de rapprocher l’école du fonctionnement d’un corps militaire. Certains n’hésitent pas à parler d’« embrigadement de la jeunesse ». Imposer une tenue vestimentaire aux jeunes, c’est restreindre l’expression de leurs personnalités. L’uniforme scolaire ne prépare pas les enfants à la vie dans le monde « extérieur », où l’uniforme n’existe plus. Notamment, cela ne préparerait pas les enfants à l’acceptation de la différence. Selon le sociologue Alain Touraine, tout ce qui fait de l’école  un monde isolé, séparé, protégé  semble néfaste. La grande affaire aujourd’hui, c’est au contraire d’intégrer les enfants venus du dehors sans rompre leur histoire personnelle. Au lieu de leur imposer un uniforme, il faudrait leur apprendre l’importance et la beauté du multiculturalisme, de la communication entre les cultures. Aussi, les personnes trouvent l’uniforme inefficace dans la lutte contre les inégalités et l’intégration. Sur le plan économique, il est reproché à l’uniforme de coûter plus cher, et à son coût de se rajouter à celui des vêtements de ville portés dès la sortie de l’école. S’il profite aux responsables d’écoles qui multiplient les astuces pour faire un commerce derrière, ainsi que derrière tous les accessoires comme la tenue de sport, l’écusson, la toge, la tenue des fêtes de fin d’années, tous des éléments qui d’après eux concourent à projeter l’identité de l’école.

Vivre ensemble

Dans le milieu éducatif au Cameroun, le problème n’a pas encore fait l’objet d’un débat tranché, comme on en a vu pour le port du voile à l’école en France ou de la Burqa à la plage. Le domaine reste comme beaucoup d’autres domaines, un terrain en friche, un no man’s land où chacun fait ce qu’il veut. Dans un même pays, le port de l’uniforme à l’école primaire est obligatoire ou non, selon que l’on se trouve en ville ou en zone rurale, selon que l’on se trouve dans telle ou telle partie du pays, selon que les cours se font dans un bâtiment ou sous un arbre. Mais il est urgent que le problème soit définitivement réglé, pour un pays où on parle de vivre ensemble. L’on pourrait par exemple faire comme dans d’autres pays où l’on n’impose pas d’uniforme aux élèves, mais un code vestimentaire, qui réglementent en particulier la longueur des jupes et la surface de peau exposée.

Roland TSAPI, Journaliste

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