Depuis dimanche, la capitale régionale de l’Est du Cameroun et sa périphérie sont le théâtre d’une escalade de violence sans précédent, avec des dégâts importants. Film de ces deux derniers jours.
Ce qui avait commencé par une « marche » en signe de protestation « pacifique » dimanche 26 octobre 2025, s’est brutalement transformé en émeutes d’une rare intensité, forçant les forces de l’ordre à un déploiement massif. Lundi 27 octobre 2025, la ville de Bertoua s’est réveillée méconnaissable. Les artères habituellement animées sont restées désertes et silencieuses.
En réponse à un mot d’ordre de protestation, les écoles sont restées vides, les boutiques ont baissé leurs rideaux de fer et le marché central, cœur économique de la ville, était à l’arrêt.
Lire aussi :Paul Biya réélu à la tête du Cameroun
Les craintes des autorités locales se sont matérialisées avec une particulière virulence à Mandjou, localité située à l’entrée Nord de Bertoua. Après des heurts de dimanche soir, la situation a dégénéré en début d’après-midi ce lundi. De jeunes manifestants ont dressé des barricades, jeté des pierres sur les forces de l’ordre, qui ont répondu par des tirs de sommation. La violence des affrontements a atteint un pic avec des actes de vandalisme et de pillage de grande ampleur. Les auteurs ont incendié un véhicule de police de type Hiace, une fourgonnette de sapeurs-pompiers, la résidence de l’adjoint au Maire de Mandjou, et l’inspection d’arrondissement de l’éducation de base. Le bilan humain reste imprécis, mais on dénombre plusieurs blessés et de nombreuses arrestations. La situation n’a fait qu’empirer en soirée en plein cœur de la ville de Bertoua, au carrefour dit « Face-à-Face ». Une foule d’assaillants a semé le chaos dans ce secteur abritant banques, supermarchés et le Commissariat central de police. Dans une furie destructrice, des individus, adolescents pour la plupart et se réclamant du Nord Cameroun, ont tenté de forcer l’entrée de la banque Cca, vandalisé des caméras de surveillance et arraché des panneaux photovoltaïques. Les jets de pierres ont visé les Forces de maintien de l’ordre (Fmo), faisant plusieurs blessés dans leurs rangs. La situation a frôlé la catastrophe lorsque des émeutiers ont tenté de mettre le feu au Commissariat central. Face à cette attaque directe, les Fmo ont procédé à une charge énergique après plusieurs sommations restées sans effet, dispersant les manifestants dans les artères avoisinantes.
État d’urgence et renforts massifs
Au plus fort de la crise, des renforts importants de gendarmerie sont arrivés sur place en pick-up. Le Délégué régional de la Sûreté nationale de l’Est s’est rendu sur les lieux pour constater l’étendue des dégâts. Les militaires ont été déployés pour assurer la protection des bâtiments abritant les services publics, tandis que d’autres patrouilles continuaient de quadriller la ville. Les autorités locales appellent la population à la plus grande prudence et à éviter tout déplacement non essentiel dans les rues de Bertoua en attendant un retour complet au calme.
Ange-Gabriel OLINGA BENG
