Samedi 13 septembre, la Caravane sacrée du Ngondo foulera pour la première fois la terre de Malimba d’Édéa. Placée sous le thème « Jongwanele Ô Kotome », cette célébration historique sera un pacte ancestral qui incarne la renaissance d’un peuple, pour réaffirmer son identité et son rôle au cœur du vivre-ensemble Sawa.
Pour la première fois de son histoire, la Caravane sacrée du Ngondo, événement classé au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, posera ses calebasses en terre Malimba, le samedi 13 septembre 2025. Bien plus qu’une fête, cet événement, baptisé « Ngondo Ô Mulimba », est érigé en acte fondateur pour une communauté qui voit en cette célébration le signal fort de son réveil identitaire et de son retour sur la scène culturelle et sociale nationale.
Sous le thème « Ja Jongwanele Ô Kotome » (L’entraide dans l’union), cette célébration revêt une portée historique et spirituelle exceptionnelle. Selon les termes de Sa Majesté Matanda Eugène, Chef Supérieur du Canton Malimba, il s’agit d’un « pacte avec le fleuve et la terre, une offrande aux ancêtres ». Cet accueil inédit inscrit officiellement le peuple Malimba dans le cercle sacré des gardiens de l’eau et de la parole, marquant sa pleine réintégration dans le grand ensemble traditionnel Sawa.
Lire aussi : Fenagin 2025 la femme Malimba sur des flots de grâce
Au-delà du symbole, cet événement est perçu comme le catalyseur d’une renaissance bien plus profonde. Pour Henry Kutta Dooh, président du comité d’organisation, la symbolique est claire et sans équivoque : « C’est le réveil en fait de la communauté Malimba », affirme-t-il. Un réveil attendu après une longue période de latence : « Je pense que nous avons sombré ces dernières années dans l’oubli, mais qui était beaucoup plus volontaire parce que c’est nous-mêmes. Et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de nous réveiller ».
Lire aussi :Ngondo inscrit à l’Unesco : une cérémonie d’alliance entre mémoire, identité et souveraineté
Le PCO insiste par ailleurs sur la dimension mobilisatrice de l’événement, cruciale dans le contexte actuel du pays. « Juste après l’accueil de cette caravane, il est question que la communauté Malimba reste hautement mobilisée par rapport aux enjeux et par rapport aux défis qui les attendent », déclare-t-il, faisant allusion au contexte électoral et à la nécessité pour sa communauté de ne « pas être à la traîne ».
Un instant du vivre-ensemble
Le « Ngondo Ô Mulimba » se veut une vitrine du vivre-ensemble. Loin d’être un repli identitaire, ce rassemblement est ouvert à toutes les communautés de la Sanaga-Maritime. « C’est une fête de rassemblement au-delà de la communauté Malimba », confirme Henry Kutta Dooh. « C’est un événement majeur qui se déroule pour la toute première fois dans le terroir de la Sanaga-Maritime et ma foi, c’est tout le monde qui est concerné. Ce sera le bel exemple de ce vivre ensemble que nous aurons à vivre tous ensemble », affirme-t-il.
Les festivités prévoient un riche programme mêlant rituels ancestraux, danses sacrées, jeux traditionnels lutte, tir à la corde et l’élection de Miss Ngondo, gardienne de l’élégance et des valeurs ancestrales Malimba.
La Renaissance des fils d’Ilimbe
L’appel du président du comité d’organisation se conclut par un message prospectif et fédérateur. Il voit dans ce réveil identitaire la base d’une affirmation future plus large. « Aujourd’hui il y a un réveil identitaire qui veut que le Malimba s’affirme et se reconnaisse en tant que Malimba dans sa communauté », lance-t-il, annonçant la prochaine étape : la renaissance de l’institution traditionnelle suprême, le Ilimbe Ilimbe. « Après cet événement, le Malimba doit être. Et ça ne pourra se passer qu’au travers d’un rassemblement fort qui n’est autre que Ilimbe Ilimbe qui doit renaître de ses cendres. Voilà le message fort que je lance ».
Ainsi, le Ngondo Ô Mulimba n’est pas une fin en soi, mais le point de départ d’une reconquête culturelle et sociale, un premier pas solennel vers un avenir où la communauté Malimba, unie et fière de son héritage, entend retrouver toute sa place dans le concert des nations du Cameroun.
Cheikh Malcolm Radykhal EPANDA
