Sous le haut patronage du ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, la deuxième édition du Festival All Kassava a dressé, à Douala ce jeudi 24 juillet 2025, les fondations d’un manifeste agricole ancré dans l’éducation, la mécanisation et l’entrepreneuriat jeune.
« Le manioc ne doit plus être le fardeau des femmes, mais la force de toute une nation. » C’est en ces mots forts, portés par la voix du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Gabriel Mbaïrobe, que s’est ouverte la deuxième édition du Festival international du manioc All Kassava. Organisée à la Maison du parti de Bonanjo hier jeudi, 24 juillet 2025 sous l’impulsion de l’association Femmes, Action et Développement Rural, ce rendez-vous d’envergure a su conjuguer tradition et transformation, mémoire des semailles et vision économique, dans une ambition nationale claire, notamment, faire du manioc un pilier de souveraineté alimentaire et d’autonomisation économique.
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Dans un contexte où l’agriculture familiale demeure le socle nourricier de millions de Camerounais, le ministre a rappelé que « le manioc, présent dans les dix régions du pays, représente à la fois une richesse stratégique et une promesse d’équité », a-t-il dit. La mécanisation de sa production n’est plus une option, mais une nécessité. « Il est temps de sortir les femmes de la pénibilité », a-t-il insisté, plaidant pour des politiques inclusives qui intègrent la jeunesse dans les chaînes de valeur agricoles. L’objectif est donc double : accroître les rendements et susciter des vocations. C’est dans cette perspective que All Kassava 2025 a mis l’accent sur l’éducation, la formation et l’innovation.
Semer la conscience par l’éveil de la jeunesse,
Parmi les innovations majeures de cette édition figure l’initiative Cassava Kids, un programme d’éducation ludique destiné aux enfants pour leur faire découvrir les vertus agricoles, économiques et culturelles du manioc. Conférences, ateliers interactifs, démonstrations culinaires et visites pédagogiques ont rythmé ces journées, où l’agriculture fut redéfinie comme métier d’avenir et socle de fierté nationale. « Nous avons voulu que la jeunesse voie l’agriculture non comme une punition, mais comme un domaine de créativité et de puissance », confie l’organisatrice Yvette Doume.
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Au cœur du festival qui va du 24 au 27 juillet 2025, les femmes rurales, en particulier celles du village Mevia, ont été mises à l’honneur. Par leur engagement séculaire dans la culture du manioc, elles incarnent le lien profond entre terre et communauté. « Tant que le manioc pousse, l’Afrique ne pliera pas le genou », murmure Sa Majesté Passy Makoumack qui conduit cette forte délégation. Qui martèle avec force, mêlé de fierté et de résistance : « Toute communauté qui abandonne sa paysanne abdique sa souveraineté. »
Un pacte pour la souveraineté
Dans sa prise de parole, la présidente-fondatrice du festival, Yvette Doume épouse Banlog, a rappelé que le manioc, au-delà de ses qualités nutritionnelles, est un marqueur identitaire et un vecteur de transformation sociale. « Le manioc est notre richesse silencieuse. Il soigne, il nourrit, il unit. All Kassava est un choix. Celui de la transformation par nous-mêmes », affirme la présidente. Cet engagement se lit dans chaque stand, chaque panier de tubercules, chaque tissu coloré. Ici, le manioc devient symbole, outil et espoir. Le festival, en réunissant institutions, producteurs, chercheurs, investisseurs et artisans, tisse un réseau solidaire où les solutions viennent de l’intérieur. C’est un appel à retrouver l’autonomie, à miser sur le savoir-faire local, à revaloriser ce que les anciens nous ont légué.
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Par sa dimension éducative, économique et culturelle, All Kassava incarne désormais bien plus qu’un événement annuel. Il devient un véritable laboratoire de politiques publiques rurales, à l’écoute des réalités locales et des aspirations des jeunes. Le manioc n’est plus seulement un aliment : il est un levier de justice, une école de résilience, une arme pacifique pour bâtir un avenir sans dépendance. Comme l’a conclu le Chef du village Mevia SM Passy Makoumack dans une phrase désormais gravée dans les sillons, « Là où l’on foule la terre, que jamais l’on n’oublie qui la féconde. »
Cheikh Malcolm Radykhal Epanda