Le 30 mai 2025, la mairie de Mouanko a lancé l’électrification solaire, avec l’arrivée du matériel à Maldjedou, un village isolé du canton Malimba Océan. Une action précédée par le début des travaux d’électrification à Pongo Songo, marquant une avancée décisive pour les zones rurales oubliées.
Ce 30 mai 2025, dans la petite île de Maldjedou, au cœur du canton Malimba Océan, les eaux de la Sanaga ont vu accoster non pas une simple embarcation, mais le souffle triomphal d’une promesse tenue. Celle de l’arrivée tant attendue du matériel solaire destiné à la mise en place d’une mini-centrale photovoltaïque.
Dans ces confins reculés où les cartes du développement s’effacent, l’électricité et l’eau sont restées, des décennies durant, des mirages. Maldjedou, comme Pongo Songo et tant d’autres localités du Delta, se tient sur les marges d’un monde où le luxe commence souvent par une ampoule ou un robinet. Mais aujourd’hui, les ténèbres reculent.
Un rivage longtemps oublié
À la manœuvre, un homme, Ebwea Pierre Honoré, maire de la commune de Mouanko, dont la vision tenace pour une justice territoriale énergétique se concrétise. Aux côtés de cet élu de proximité, les chefs traditionnels du canton, notamment, S.M Prince Tomè, chef de 3ème degré du village Mbiako, sont venus en témoins vivants de cette aurore. Ramasseurs d’huîtres, femmes et jeunes du terroir ont tous répondu présents, formant une foule vibrante d’émotion et de gratitude.
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Ce projet d’électrification solaire, fruit du partenariat entre la commune de Mouanko et l’Agence d’Électrification Rurale (AER), repose sur une ambition simple mais vitale : apporter l’énergie là où les câbles d’État ne passent pas. Les travaux à Pongo Songo, village pilote situé en amont de la rive gauche, ont débuté dès le 13 mai. Déjà, des techniciens à l’ouvrage installent lampadaires solaires et structures de production, avec l’appui actif des riverains, devenus bâtisseurs d’eux-mêmes. « Le développement doit s’ancrer dans les marges, ou il ne sera que décoratif », déclarait le maire lors de la cérémonie d’arrivée du matériel à Maldjedou. Une parole qui résonne avec force dans ces villages longtemps réduits au silence des moteurs absents, là où l’énergie devient outil d’émancipation.
Un avenir branché à la dignité
À terme, ce projet-pilote doit irriguer d’autres poches isolées du Delta. Il ne s’agit pas simplement d’électricité, mais d’un changement civilisationnel : enfants pouvant lire à la nuit tombée, artisans relançant leur activité, centres de santé pouvant fonctionner sans la peur du noir. La lumière, dans ces lieux, n’est pas un confort, mais une renaissance.
À travers ce chantier, la mairie de Mouanko redonne sens à la puissance publique. Elle assume une fonction jadis laissée vacante, celle de réparateur d’espérance, là où les institutions centrales ont trop souvent tourné le dos. Ce n’est plus simplement un village qui s’électrifie : c’est tout un peuple qui se redresse.
Le cri de la clarté
La joie des habitants de Maldjedou n’a pas été feinte : des chants ont jailli, des youyous se sont élevés, comme une offrande au ciel. « Mboa e timbi ô mwayé », s’est écrié un ancien en langue locale : le village est revenu à la lumière.
C’est donc une ère nouvelle qui s’ouvre. Une ère de dignité restaurée, de progrès porté par l’engagement local, et de développement durable, enraciné dans le réel. Car, là où l’État semble s’être effacé, la commune de Mouanko s’avance en torche vivante. Et à la source de cette clarté, une volonté municipale ferme, celle de refuser l’oubli.
Cheikh Malcolm Radykhal EPANDA