Ce qui s’est déroulé ce samedi 24 mai 2025 au sein du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC), section Littoral, a tout d’un scénario bien rodé, où les principes démocratiques sont piétinés au profit de manœuvres d’un autre âge. À en croire plusieurs membres indignés de la corporation, l’actuel Bureau Exécutif National (BEN) poursuit une logique d’exclusion et de verrouillage, entamée depuis l’élection contestée de 2018.
Le dernier épisode en date : le rejet de la candidature de Didier Ndengue, journaliste et responsable de publication, pour les élections de la section Littoral. Le motif avancé ? Il serait « patron de presse », un statut jugé incompatible avec la participation à l’élection. Un argument qui sonne faux aux yeux de nombreux confrères, surtout quand on sait que la présidente nationale sortante du BEN, Marion Obam, est elle-même patronne d’une entreprise de communication. Un paradoxe troublant qui jette un sérieux doute sur la bonne foi des dirigeants syndicaux. De plus, Didier Ndengue qui voit sa liste être rejetée parce qu’il est directeur de publication, a déjà fait partie d’un précédent bureau régional malgré son titre. Il est l’un des membres influents du syndicat et est à jour de ses cotisations.
« Ils ont fait un passage en force en 2018 pour installer leur candidat. Ils l’ont refait à la dernière élection. Et ils continuent la manœuvre aujourd’hui », s’insurgent des journalistes . À ses côtés, d’autres journalistes dénoncent une véritable prise en otage du syndicat par ceux qu’ils qualifient de « mercenaires », soutenus par des réseaux d’influence, y compris à l’international.
La légitimité même du BEN est remise en question : la présidente nationale ( par ailleurs présidente de cette commission électorale) n’exercerait plus comme journaliste, le secrétaire général non plus, et la présidente régionale, censée représenter la base du Littoral, ne vit même plus au Cameroun. Dans ces conditions, beaucoup se demandent si le SNJC n’a pas définitivement perdu sa vocation première.
« Aucun journaliste sérieux ne devrait continuer à adhérer à cette histoire », tranche un confrère désabusé. Le syndicat, autrefois perçu comme un rempart face aux abus et un espace de solidarité professionnelle, est aujourd’hui vu comme un terrain miné, où les intérêts personnels ont remplacé les combats collectifs.
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Alors que le contexte médiatique au Cameroun reste difficile entre précarité, répression et manque de protection, cette crise interne affaiblit davantage une profession qui avait besoin d’un syndicat fort, uni et exemplaire.
Mais aujourd’hui, plus que jamais, une question s’impose : le SNJC est-il encore dirigé par des journalistes, pour les journalistes ? Ou n’est-il plus qu’une coquille vide entre les mains d’opérateurs déconnectés du terrain ?
Pierre Laverdure OMBANG