L’affaire a pris une autre tournure après la saisine du chef de l’Etat par les artisans miniers affectés par la décision du ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique.
Pas plus tard que vendredi 11 octobre 2024, les signataires de la correspondance adressée au président Paul Biya le 30 septembre dernier ont été reçus en audience au ministère de l’Administration territoriale (Minat). Selon nos sources présentent à cette rencontre, les échanges ont tourné autour des griefs portés contre la décision du ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), qui excipait des « velléités de trouble à l’ordre public » dans sa décision portant suspension des activités minières à l’intérieur du permis de recherche dénommé « Batouri-Est » le 23 septembre dernier. Un véritable procès en sorcellerie pour les victimes.
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« Outre le caractère illégal de cette décision qui viole en tout point les dispositions de la loi portant code minier, elle nous cause des préjudices incommensurables en ce qu’elle plonge les populations dans un désœuvrement total. Toutes choses qui risquent de provoquer un mécontentement généralisé des dites populations en majorité constituées de jeunes », peut-on lire dans la correspondance adressée au chef de l’Etat. Face à cette situation qui plonge Batouri dans un marasme économique et une possible paralysie politique, notamment en ce qui concerne le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) dont le chef-lieu de la Kadéy est l’un des bastions, les hôtes du Minat ont réitéré leur exigence de voir lever la suspension de leurs activités décidée par le Minmidt.
Les décisions de justice foulées au pied
En effet, l’affaire qui amène le Minat à rencontrer les signataires de la correspondance adressée au chef de l’Etat est liée à un conflit entre la société Jamb’s avenir Sarl, jadis détenteur d’un permis de recherche dénommé « Batouri-Est », désormais caduc depuis le 15 mai 2023, et les artisans miniers légalement installés sur le site de ce permis, conformément à l’article 11 de l’arrêté ministériel l’attribuant. Pour ces exploitants miniers, la décision ministérielle du 23 septembre 2024 est en porte-à-faux avec les décisions de justice rendues par la Cour suprême (qui avait renvoyé les parties devant le juge administratif) et le tribunal administratif de Bertoua qui avait suspendu les effets de l’arrêté ministériel du 15 mai 2020.
Toutefois, les membres de la délégation de Batouri restent confiant que justice leur sera rendue. « Le Minat nous a prêté une oreille attentive et a promis de porter nos aspirations à qui de droit pour une sortie de crise dans des délais raisonnables. Nous rentrons avec l’espoir que nos activités vont reprendre bientôt et que nous allons continuer, comme de coutume, à contribuer à l’économie nationale par le paiement des taxes et des impôts liées à l’exploitation minière », a confié l’un d’eux au Messager.
Ange-Gabriel OLINGA BENG