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Socapalm Edéa : les riverains paralysent les travaux de replanting

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Ils s’opposent une fois de plus, et avec détermination, aux travaux de renouvellement sur le même espace, des palmiers de la Socapalm. Face à l’apathie des autorités locales qui ont l’air dépassé, l’arbitrage du Mindcaf devient une nécessité.

Engins stationnés. Ouvriers immobiles, visiblement dépassés par la situation qui s’offre à eux. Villageois vêtus de noir pour certains avec des bandeaux rouges tantôt sur le front ou sur le bras, à l’image des samouraïs sur le champ de bataille. Une atmosphère de tension entre les parties devant les forces de maintien de l’ordre médusés, tel est le spectacle exhibitionniste, un tantinet burlesque qui s’offre au reporter lorsqu’il arrive sur le lieu des opérations au village Apouh par Edéa au Cameroun, ce lundi 30 septembre 2024.

Dans notre édition du 14 avril 2023, nous relevions les mouvements d’humeur survenus le 10 mars et 12 avril 2023, où les populations du village Apouh avaient investi les plantations de la Socapalm, pour empêcher le replanting des nouveaux palmiers. Au centre des différents griefs que les riverains portaient à l’endroit de cette entreprise, le problème du foncier et de l’emploi. Mais surtout, la revendication d’un espace vital. Ils avaient alors fait de la contestation leur mode d’expression. En son temps, le magistrat à la retraite, SM Ditope Lindoume, le chef du village dont l’implication et l’activisme dans ce problème avaient valu un court séjour en prison affirmait : « La première raison est que nous avons des familles tout le long du tracé de la Socapalm. Nous voulons à cet effet qu’on nous accorde un espace vital pour pouvoir survivre. Il s’avère par ailleurs que le titre foncier n° 184 établi en 1960, a été localisé à Dehanè et non à Apouh. Nous réclamons une superficie de bien plus de 150 ha. »

Lire aussi : Crise à la plantation d’Apouh : la Socapalm interpelle l’Etat 

De ses propos, il était apparu dans nos investigations, que le titre foncier N° 184 du 10 août 1960 dont fait régulièrement mention la communauté Apouh, était détenu en son temps par la SProA, devenue la Société des palmeraies de la ferme suisse (Spfs). Avec la fusion et absorption en 2010 par la Socapalm, cette dernière en est devenue propriétaire. Ce qui établit légitimement et de droit, la propriété de ce titre foncier à la Socapalm. Chose qui nous avait été confirmée à la Préfecture d’Edéa. «Les titres fonciers de la Socapalm sont originaux et ne souffrent d’aucune contestation. » Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Ce qu’il est convenu de désigner désormais comme la situation Apouh-Socapalm semble devenir un serpent de mer, une véritable montagne russe que les autorités donnent l’impression de résoudre sans le faire véritablement. Car, malgré les promesses de retour à la paix à la fois du chef du village et des injonctions du ministre des Transports depuis 2023 à l’aube du déclenchement de cette affaire, de même que les instructions du Mindcaf, la situation semble davantage s’enliser. Un énorme manque à gagner pour la Socapalm dont la mise en terre des nouveaux plants obéit à une périodicité.

Rebelote

En effet, après le blocage des activités de replanting du 13 août dernier et l’appel au calme ainsi que l’ordre verbal de suspension des travaux par le Sous-préfet de Edéa 1er, les populations ont une nouvelle fois investi l’espace abattu et réservé au replanting. Pour, disent-ils, faire entendre leurs droits. « La situation d’aujourd’hui est la même qu’il y a un an. Nous sommes là pour une revendication pacifique de l’espace vital. La réalité est que le 14 août dernier, les engins ici présents ont été mis en arrêt de travaux par une injonction du Sous-préfet d’Edéa 1er qui a demandé que la Socapalm arrête les travaux. Nous demandons activement l’arbitrage de l’Etat dans cette querelle pour situer chaque partie », affirme Gustave Olkane Etame, riverain d’Apouh. D’après les responsables de la Socapalm que nous avons joints, il n’est nullement question d’une extension.

Lire aussi :Litige foncier : haute tension entre les villageois d’ Apouh et la Socapalm  

« Il faut savoir, malgré les allégations avancées par certaines personnes, que la Socapalm ne fait pas d’extension sur cet espace. Nous abattons tout simplement les vieux palmiers et en replantons de nouveaux afin d’accroitre la productivité de la plantation. Ce qui, il faut le rappeler, est une opération classique dans le cadre de la gestion d’une plantation », affirme ce haut cadre de la Socapalm. Sur une superficie de 221 ha dédiée au renouvellement des anciens plants consacrée cette année pour les travaux de replanting, seulement 115 ha sont abattus et replantés, 37 ha sont abattus et non replantés à cause du blocage, et 69 ha sont non abattus, car à ce jour paralysés par une tension dont la présence des Fmo sur le site ne dissuade pas les manifestants dans la poursuite de leurs revendications.

Rendu chez le Sous-préfet d’Edéa 1er qui a reçu mandat du Préfet depuis le déclenchement de cette crise en 2023 et qui était encore sur le terrain en août dernier pour ramener de l’ordre, il a refusé de s’ouvrir aux journalistes. Nous faisant dire par son secrétaire particulier   qu’il n’est ni au courant de la situation qui se passe, ni de la présence des Fmo sur le terrain. Une bien curieuse situation tout de même. Ce dernier nous a référé chez le Préfet qui coordonne la médiation et qui mène les pourparlers sur le terrain entre les parties. Malheureusement, nous n’avons pas pu le rencontrer car en mission. Du côté des cadres de la Socapalm que nous avons rencontrés, c’est l’appel au calme et au dialogue, « surtout la préservation du climat de paix sociale entre les parties. »

Cependant, on peut s’interroger sur le temps que prend le retour à la sérénité définitive. Car, un an après la correspondance du Mindcaf, précisément le 20 septembre 2023, aucune suite n’a été donnée jusqu’ici et la population continue d’empêcher la poursuite des travaux de la Socapalm qui finalement paie le lourd tribut. Or, dans une enquête menée par le reporter, un proche collaborateur du Préfet nous avait fait dire que « Les mouvements de contestation relèvent du chantage et de la manipulation des populations qui elles-mêmes connaissent la vérité. L’Etat prendra ses responsabilités lorsqu’il sentira qu’il y a trouble à l’ordre public. » Seulement, dans une démarche avant-gardiste où la Socapalm appelait l’autorité administrative à prendre ses responsabilités sur le début des travaux, malheureusement, à ce jour, rien n’a évolué sur le terrain.

Malcolm RADYKHAL EPANDA

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