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Les œuvres de Barthélémy TOGUO à Yaoundé : une actualité artistique pleine d’enseignements

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C’est un homme pressé et affairé que nous avons rencontré à Yaoundé, à l’Institut Français du Cameroun (ci-après IFC) sis à l’avenue Kennedy. Avec les régisseurs, il procède aux derniers réglages. Le dur labeur est sa marque de fabrique et le moment est solennel. Pour la première fois au Cameroun, le travail de Barthélémy TOGUO fera l’objet d’une exposition individuelle intitulé “Returning home” du 19 juillet au 30 septembre 2024.

  1. Qui est Barthélémy TOGUO ?

Barthélémy TOGUO est un artiste majeur d’origine camerounaise né à Mbalmayo, au Cameroun, en 1967. Son regard attentif sur son quotidien, son environnement et la marche du monde font de lui un artiste qui marque son époque. Il s’exprime à travers une multitude de médiums[1]. Sa brillante carrière et sa longévité sur la scène artistique qu’on évalue à près de 35 ans prennent source dans de solides assises académiques[2] et des influences artistiques plurielles[3].

Situer cet artiste dans le monde de l’art consiste pour l’essentiel à “reconnaitre l’arbre à ses fruits”. Tate Modern (Londres), Modern Art Museum (New York), Museum of Contemporary Art (Miami), Perez Art Museum (Miami), Musée Nationale d’art moderne (Paris), Musée Rodin (Paris), Fondation Louis Vuitton (Paris) sont autant d’institutions prestigieuses d’art dans le monde qui le collectionnent. Son travail fût exposé dans des lieux d’exception : le Musée Picasso et le Louvre. Les distinctions prestigieuses et les hommages sont d’autres indices : Chevalier des Arts et des Lettres (2011), Artiste de la paix de l’UNESCO (2021), Officier des Arts et des Lettres (2023).  Sa production artistique est largement documentée par la presse spécialisée, la recherche académique et l’édition d’art.

  1. Les jalons de cette exposition-évènement à Yaoundé

“Returning home”[4] s’inscrit dans un mouvement de retour qui donne une saveur toute particulière à un exercice banal pour cet artiste d’envergure. Dans les faits, ce mouvement de retour est une marche entamée depuis 2008 avec l’ouverture officielle par Barthélémy TOGUO de l’atelier de création “Bandjoun Station”. Le 19 juillet 2024 à 18h00, une autre étape sera franchie avec la présentation à Yaoundé de la première exposition individuelle à lui dédiée.

L’Institut Français du Cameroun comme lieu d’exposition interroge légitimement tant sur le fond que sur la forme. Pour cause, l’IFC n’est pas un lieu pensé pour accueillir des expositions d’art. Les dimensions des œuvres d’art de Barthélémy TOGUO par exemple rendent de facto l’espace dédié exigüe et limitent sa capacité d’accueil. Cette mise en valeur de l’IFC pose aussi des défis de circulation dans l’espace et par ricochet, augmente la probabilité d’exposition aux risques des œuvres d’art. Le Musée National du Cameroun à Yaoundé, Doual’art et la Galerie MAM à Douala auraient été des espaces de monstration plus appropriés. Il faut dire que cette présentation au public camerounais est faite sur invitation de l’IFC.

Lire aussi :Arts visuels : l’Institut français du Cameroun lance le prix Barthélémy Toguo  

L’avis favorable donné par l’artiste est pour sa part, le reflet d’une envie de montrer son œuvre au public camerounais mais aussi d’une collaboration fructueuse entre l’artiste et cette institution française. C’est aussi la démonstration de capacités logistiques déployées dans le champ artistique. L’acheminement de la céramique présentée à Yaoundé a été facilité de la France au Cameroun par AGIL. Au Cameroun, le transport interurbain a été mobilisé pour acheminer un lot d’œuvres en provenance de Douala et de Bandjoun. L’absence d’expertises locales en matière de logistique et d’assurance des œuvres d’art a donné lieu à des solutions terrain dans l’optique de couvrir les risques associés au transport et à l’exposition. En tous points de vue, cette exposition individuelle est un pari ambitieux dont la réussite dépendra de la capacité de l’exposition à mobiliser un réseau de visiteurs et d’acheteurs au Cameroun. La cérémonie de remise d’une médaille d’honneur associée à cette exposition ancre davantage ce mouvement de retour dans une forme d’entre deux[5].

  • Décryptage du concept de l’exposition

Sur le plan artistique, le “retour chez soi” de Barthélémy TOGUO s’entend comme un regard attentif posé par l’artiste sur lui-même. Il convoque dès lors la mémoire lointaine de l’artiste[6]; son milieu naturel[7]; ses sentiments[8]; ainsi que ses liens présents, passés et futurs.

L’artiste avait à cœur de construire un discours plastique et de présenter un condensé de ses œuvres. L’exposition est construite comme des morceaux choisis, un clin d’œil conscient ou inconscient à l’acte fondateur[9] de cette vocation artistique. Barthélémy TOGUO bénéficia de 05 jours en atelier, temps utile pour procéder à une sélection minutieuse et produire des toiles spécialement conçues pour cette exposition.

Il faudra s’attendre à voir se déployer le geste artistique de Barthélémy TOGUO dans toute sa splendeur. La dextérité acquise au gré de la pratique artistique est mise en lumière : acrylique (encre sur toile, encre sur papier et encre sur papier marouflé) ; céramique ; aquarelle; et, tirage offset. La densité du langage artistique offre de 1993 à 2024, un voyage entre photographie, céramique, dessin et peinture. La récurrence de la céramique dans cette scénographie est par ailleurs un indice laissé par l’artiste sur son état du moment. Il s’épanouit dans cette matière[10].

  1. Les enjeux et les enseignements à tirer

L’enjeu de monstration des œuvres d’artistes majeurs originaires du continent africain réside en l’opportunité offerte au public camerounais de renouer potentiellement avec son patrimoine en formation[11]. L’exposition “Returning home” apporte à ces problématiques centrales des réponses nécessaires au niveau local[12]. L’omniprésence des productions artistiques africaines à l’export (Australie, États-Unis et France pour Barthélémy TOGUO) par le biais des mécanismes du marché de l’art offre peu d’opportunités aux publics camerounais et africains de les découvrir et de les consommer.

Barthélémy TOGUO dans le monde de l’art ne s’appartient plus. Son être, son œuvre et son retour d’expérience sont à eux seuls une masterclass pour les artistes, leurs aspirants et l’ensemble des acteurs du marché de l’art. Mieux comprendre les clés de cette ascension fulgurante offre une réelle plus-value au secteur. Sa réponse à cette question laisse pantois : “C’est tout simple. Avoir confiance en soi. Être sincère. Mener un travail acharné. Être attentif à son époque.” Ces mots masquent une approche théorique forgée par des convictions de gauche, des repères philosophiques et des expériences artistiques inédites.

Remarques finales / Conclusions

“L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée de souffrances et des vies communes. Il oblige donc l’artiste à ne pas s’isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle.” Albert Camus, extrait du discours de réception du prix Nobel de littérature, 1957

Par Raïssa NJOYA (Cp)

[1] Peinture, sculpture, dessin, aquarelle, photographie, vidéo, installation, performance.

[2] École Nationale Supérieure des Beaux-Arts d’Abidjan (Côte d’Ivoire) ; École supérieure d’art de Grenoble (France); et, Kunstakademie de Düsseldorf (Allemagne)

[3] Culture et traditions africaines, mouvements d’avant-garde européens

[4] En français, le “retour chez soi”. Il s’agit de l’intitulé de l’exposition individuelle de Barthélémy TOGUO ouverte le 19 juillet

[5]Le Cameroun et la France

[6] Naissance, enfance, racines, chemin parcouru

[7] Metet, M’balmayo, Régie Dragages

[8] Nostalgie, joie, envies, angoisses

[9] Le cahier de morceaux choisis

[10] Exposition individuelle de Barthélémy Toguo au Musée d’art moderne et contemporain Mohammed VI, “Stronger Together”

[11] Accessibilité et publicité des œuvres contemporaines sur le continent africain

[12] Journalisme culturel, photographie/selfie d’œuvres d’art si autorisée, édition d’art, visites gratuites, acquisition des œuvres d’art

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