Le mouvement de grève a commencé le lundi 1er avril 2024. Ils réclament le payement de treize mois d’arriérés de salaire.
Opération ateliers et bureaux fermés ce lundi 1er avril 2024 à la société Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), basée à Douala. Les employés ont élu domicile à l’entrée de l’entreprise. Tous vêtus de noir, des visages patibulaires, ils observent un mouvement de grève. « Nous réclamons treize mois d’arriérés de salaires. Toute l’année 2023, on n’a pas eu de salaire. On n’a pas eu de salaires, non pas parce que la Cicam ne produisait pas ou n’a pas d’argent. C’est tout simplement que le directeur général refuse de nous payer. L’année passée, pendant que nous étions dans cette situation de salaires impayés, nous produisions. Nous avons produit le pagne du président de la République de Guinée Equatoriale et celui de sa femme. Cinq variantes, des centaines de milliers de mètres. Nous avons produit les pagnes de la campagne présidentielle au Gabon. Vous pouvez imaginer le prix. On a produit des tissus pour tous les ministères du Cameroun et la plupart des entreprises. Sans oublier le tissu du 8 mars 2023. Le directeur général nous dit qu’il n’y a toujours pas de salaires. On a tout fait, on a touché tout le monde. On a déposé nos revendications au niveau de l’inspection du travail. Ça n’a rien produit », fulmine William, employé à la Cicam.
Cette grève fait suite à celle observée le 17 mars dernier au cours de laquelle des promesses pour le paiement de quelques mois avaient été faites aux employés mécontents. « Tout récemment, quand, nous avons fait le premier mouvement d’humeur, il a été convenu que le directeur général devait nous payer quelques mois pour rouvrir l’usine. A notre grande surprise, il est venu payer un mois seulement. Imaginez un mois sur quatorze mois d’arriérés, qu’est-ce que cela représente ? », se désole ce dernier.
Pour les employés de cette entreprise, le directeur général, Edouard Abada Ebah, serait la principale cause de leurs malheurs. Ainsi réclament-ils son départ. « Départ d’Abada et tout son staff ; gestion chaotique du Dg en fuite ; trop de mensonges », pouvait-on lire sur les messages placardés sur le portail. « Notre véritable malaise à la Cicam, c’est le directeur général. Il ne respecte pas la politique définie par le chef de l’Etat. Si nous en sommes là, c’est parce qu’il veut que les ouvriers se soulèvent. De surcroit, il vie à Yaoundé, il n’est jamais à Douala pour voir nos souffrances. Il n’a jamais mis ses pieds dans cette usine. Vous rendez compte que la prime de logement d’ouvrier Cicam qui est la 3ème catégorie est de 5.000 Fcfa. Le Smig n’a jamais été appliqué. Les 5% que le président de la République a ajoutés récemment ne sont pas appliqués », déplore un autre employé.
Depuis près d’une décennie, le mal être de cette société est un secret de polichinelle.
Blanchard BIHEL