L’artiste Grâce DECCA a été brusquement interrompue l’autre jour sur scène par une horde d’excités aux airs visiblement menaçants. Elle était alors à peine engagée dans un show qui devait certainement rester mémorable avec la classe et toute la grâce qui lui sont reconnues partout et chaque fois. La scène rocambolesque, digne d’un cauchemar à oublier au plus vite, s’est déroulée lors d’une soirée en Angleterre, en présence de nombreux invités dont vraisemblablement des Camerounais et de bien d’autres amis africains ou représentants d’autres continents d’un monde devenu, depuis le crépuscule du XXe siècle, un » village planétaire ».
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Cette foule semblait visiblement ahurie, interdite, devant un aussi triste spectacle, d’autant qu’il était brutalement imposé par la barbarie humaine. « Quelle image ! », pour emprunter à la célèbre phrase exclamative de Jean Lambert Nang, non moins célèbre reporter sportif à la Télévision nationale, devant une scène toute aussi inimaginable en plein match de Coupe des Confédérations. Si une certaine explication médicale avait plus ou moins justifié le malheur qui s’était abattu en mondovision sur Marc Vivien Foe, un lion indomptable parmi les plus braves sur le champ d’honneur ; quelle justification un tant soit peu acceptable peut aujourd’hui convaincre l’univers de la musique et le monde des arts? Une lutte politique ? Le combat contre un régime ? De la haine vis-à-vis d’un leader? Mon œil !
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Pour autant, est-ce alors à un tel talent qu’il faut s’en prendre ? Fallait-il même commencer de telles bêtises sur tous les autres ? Car, paraît-il, l’acharnement observé sur les réseaux sociaux contre toutes nos autres grâces, tous les autres trésors artistiques invités à se produire dans des salles de spectacles en Europe, ne date pas seulement d’hier. S’agit-il toujours d’essayer de faire du buzz sur les réseaux sociaux ou plutôt de faire montre d’une sauvagerie animale en pleine civilisation ? Qui veut- on ou peut-on convaincre par de telles méthodes ? Il est fort à parier que même les partisans politiques voire les frères d’une communauté ou alors d’une secte satanique se sont sentis trahis par des actes d’une telle bassesse. Seulement, le silence complice observé, jusqu’à date, chez les politiques de tous bords, intrigue pour le moins de nombreux esprits bien-pensants. Il s’agit d’une attitude dont l’altitude s’avère d’une éloquence qui se passe tout simplement de commentaires. Seules, quelques réactions à caractères communautaires commencent à se faire jour, préparant ainsi, insidieusement, le lit à des affrontements tribaux voire à une guerre civile. Toutes choses qui ne disent peut-être pas encore leurs noms et pseudonymes. Dans quel Cameroun sommes-nous parvenus ainsi ? S’attaquer impunément à l’art ? Tenter d’étouffer injustement sa culture en plein monde ? NON, PAS À UNE GRÂCE !
Par Lazare ETOUNDI, Journaliste Principal,
Spécialiste des Arts, Culture et Communication