La petite Manuella Joyce Djoumgwe Essenen, 14 ans, reste traumatisée suite à l’agression dont elle a été victime à Deido.
Plus de deux semaines que l’incident s’est produit, mais elle est encore traversée par des frissons quand elle replonge dans ce triste souvenir. Manuella Joyce Djoumgwe Essenen longeait la rue de la paroisse St Gérard non loin de l’Ecole publique à Douala, le samedi 22 mai 2021. Sous le soleil couchant de 18h, Manuella se dépêchait de récupérer Robert, son petit frère de 10 ans aux cours de catéchèse. Dans sa sacoche portée en bandoulière, se trouvait son téléphone de marque Tecno- Spark 5, les clés de la maison, ses écouteurs, de l’argent…
A un jet de pierre de la paroisse St Gérard, la petite fille de 14 ans, élève en classe de 4ème est apostrophée par un homme. «Il avait visiblement dans les quarante ans», affirme Manuella. «Il m’a demandé de lui indiquer un hôpital, mais je lui ai répondu que je n’en connaissais pas. Il m’a pris la main en me remerciant pour ma générosité. Après il m’a présentée une lame qui était scotchée à son poignet. Il m’a intimé l’ordre de le suivre dans une ruelle sans crier. Alors que je le suivais, un homme nous a rejoints. C’était son complice. Ils m’ont pris tout ce que j’avais, m’ont demandé de partir sans me retourner», raconte, encore toute tremblotante Manuella. «J’étais tétanisée, même maintenant quand j’en parle. Je tremblotais. J’avais néanmoins pu récupérer mon petit frère et nous avions marché jusqu’à la maison à Akwa-Nord, étant donné que les bandits m’avaient tout pris.»
Des jours se sont écoulés, l’adolescente ne s’en est pas remise. Elle est tourmentée par la peur, par l’idée que ça se reproduise. Manuella ne va plus chercher son petit frère aux cours de catéchèse. C’est sa grand-mère qui s’y colle dorénavant. Manuella n’ose plus faire le culte à la paroisse St Gérard. «Je suis toujours en train de regarder derrière moi pour savoir si quelqu’un me suit. Je ne peux plus jamais donner un renseignement à un inconnu», jure Manuella Joyce. Sa tante était tout aussi traumatisée quand elle a vu sa fille en panique, en larmes. «Elle n’a pas dormi cette nuit. Elle pleurait tellement. J’ai même eu peur que le pire se produise», se souvient dame Moukoko.
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L’agression de Manuella Joyce Djoumgwe Essenen n’est pas un cas isolé. L’insécurité fait du mal à la ville de Douala. Dans un récent communiqué, le gouverneur se voulait un tantinet rassurant en invitant «les populations à vaquer normalement à leurs occupations.»
Valgadine TONGA