Président de la Confédération africaine d’athlétisme, il explique pourquoi l’instance a décidé de soutenir la deuxième édition du Marathon international N’djamena-Kousseri (Mink) qui aura lieu le 07 septembre prochain.
Comment se porte la Confédération africaine d’athlétisme ?
Elle se porte bien en ce sens que nos résultats sur le plan mondial sont importants aujourd’hui. Ils sont plus nombreux qu’hier et nous avons conquis des espaces où on ne voyait pas l’Afrique : le sprint, le saut, le lancer. Plusieurs Africains sont parmi les meilleurs dans le monde sinon ils sont les meilleurs dans le monde. Et puis, nous venons de terminer le championnat des jeunes au mois d’avril 2019 à Abidjan. Et nous avons été vraiment surpris de voir une jeunesse africaine performante. 27 records de ce championnat ont été bâtis à Abidjan. Ça montre bien que l’athlétisme prend de l’ampleur en Afrique au niveau de sa pratique, au niveau de la diversification de différentes prestations de nos jeunes talents. Donc, je pense que l’Afrique se porte bien.
Vous vous réjouissez des performances de l’Afrique au moment où, comparé aux autres puissances dans le monde, le continent souffre d’un déficit de finances…
Ce n’est pas le but pour nous d’être en compétition avec les autres dans le monde au niveau financier. L’Afrique est un continent qui est en développement, nous faisons avec! Mais je crois qu’il faut mettre autour de toutes ces initiatives une intelligence qui mobilise les jeunes vers notre sport. Il y a deux grands sports en Afrique, ça tout le monde le sait. Le football pour son caractère populaire et l’athlétisme pour sa performance digne de ce que l’Afrique attend de sa jeunesse. Donc, nous avons comme principe dans tous les pays, le soutien des pouvoirs publics et nous même nous avons aussi un produit qui se vend à l’échelle mondiale. Et quand nous organisons des championnats du monde ou que nous participons aux Jeux olympiques, les athlètes africains ont une part très importante dans les revenus que le Comité international olympique et la Fédération internationale d’athlétisme reçoivent des sponsors au niveau mondial. Ces fonds sont redistribués au niveau de nos différentes structures sportives continentales notamment l’athlétisme qui est le sport numéro 1 au niveau du moment olympique. Bon, nous ne sommes pas une confédération riche. Certes, mais nous ne sommes pas une fédération totalement démunie. Puisque nous sommes l’une des rares fédérations africaines qui accorde un financement à l’organisation des compétitions continentales aux pays qui acceptent d’accueillir ces compétitions. Donc, je pense que nous sommes confiants. Nous voulons être riches mais pour le moment nous ne nous plaignons pas des ressources que nous avons pour soutenir nos efforts. Et les résultats dont je parlais, relèvent vraiment de ces petits moyens de la manière dont c’est géré et orienté. C’est orienté vers les centres de développement, vers les universités et les écoles pour que les athlètes puissent s’entraîner tout en allant à l’école dans la perspective dite de reconversion de leurs carrières quand ils arrêteront de faire la compétition. C’est une stratégie qui, pour le moment paye mais nous souhaitons que le gouvernement et les entreprises africaines puissent soutenir cet effort de performance pour la jeunesse africaine.
Pourquoi avoir accepté de soutenir le Marathon international N’djamena-Kousseri (Mink) ?
J’ai été informé du lancement de cette initiative et je tiens ainsi à exprimer ma satisfaction et mes encouragements au député Kamssouloum Abba Kabir qui est du reste membre du Comité national et olympique du Cameroun et qui dirige une jeune fédération qui a déjà fait parler d’elle, la Fédération camerounaise des sports équestres. Et il a eu cette initiative de créer entre le Tchad et le Cameroun, un événement fédérateur, un événement mobilisateur, parce qu’en réalité ce sont les mêmes familles qui se trouvent de part et d’autre. Le fait que les occidentaux ont fait du Logone une frontière physique ne constitue pas pour nous une frontière culturelle. Donc, je pense que le sport à cet endroit joue son rôle de rapprochement des citoyens de deux pays qui ont toujours vécu dans la paix, l’harmonie, qui partagent la même culturelle, qui se fréquentent parce que de part et d’autres de l’arrivée du fleuve, il y a les mêmes familles. Je pense que c’est important de créer un autre lien physique que le monde puisse connaître que dans cette partie du Cameroun ou de l’Afrique qui connaît quelques difficultés au plan sécuritaire et autres qu’il y ait un élan de solidarité entre les communautés, pour qu’ensemble, on puisse faire face aux défis de la vie de tous les jours. Et je pense que c’est quelque chose qu’il faut soutenir. Et pour moi qui suis fils de cette partie du pays aussi. J’ai au plan émotionnel, un regard sur cet événement que je souhaite voir grandir et prendre une envergure véritablement internationale.
Faut-il en conclure que la première édition ne vous a pas séduit ?
Loin de là ! La Confédération n’a pas soutenu la première édition parce que c’était la naissance. Mais la deuxième édition sera soutenue, et certainement les éditions avenirs seront encore mieux soutenues, d’abord en mettant à disposition, les experts de la Confédération africaine d’Athlétisme pour que les résultats de ce marathon soient homologués au même titre que tous les autres marathons qui se déroulent dans le monde. Et ensuite, au plan financier, nous allons faire un effort d’appui, pas de très grosses sommes pour l’instant mais quelque chose de symbolique qui montre bien que la Confédération a un regard attentif sur cet événement nouveau. Et au-delà, il sera désormais inscrit au programme continental de la Confédération Africaine d’Athlétisme, avec un regard sur la promotion de cet événement à l’échelle internationale. La première chose qu’il faut prendre en compte, c’est de ne pas faire de l’argent, l’élément du succès parce que vous pouvez l’avoir et ne pas réussir. C’est la volonté, c’est la mobilisation du volontariat tout autour et sensibiliser ceux qui ont un intérêt à voir les communautés vivre ensemble: ce sont les États, c’est la société, ce sont tous ceux qui s’impliquent dans la vie de tous les jours avec une activité au plan économique, au plan social, au plan culturel.
Source Le Messager