Premier Noir conducteur de train dans les années 1900 à Berlin, ce Camerounais d’origine et militant anticolonialiste a été honoré le 22 juillet 2019 par le gouvernement du Land avec une deuxième plaque au centre administratif de Berlin. Une déclaration solennelle a été faite à l’occasion à Douala par le professeur Kum’a Ndumbe III pour célébrer cet évènement.
Cérémonie plutôt sobre en cet après midi du lundi 22 juillet à la résidence du prince Kum’à Ndumbe III à Douala. Quelques journalistes et invités présents écoutent une déclaration solennelle du Prince au côté de Jean Yves Douala Manga Bell, Chef supérieur du Canton Bell. Dans son speech, le Professeur Émérite des universités fait part du dévoilement ce jour du côté de Berlin en Allemagne, de la plaque commémorative, à la célèbre place Wilhelmstrasse, en plein centre administratif de cette ville. La plaque honore Quan’a Dibobe alias Martin Dibobe. Ce natif de Bonapriso au Cameroun est le premier conducteur noir de train de 1ère classe en Allemagne, résistant anticolonialiste et défenseur des libertés fondamentales et des droits humains.
La cérémonie de Berlin honore également 17 autres camarades africains de Martin Dibobe. Parmi eux, un autre résistant Camerounais, Douala Manga Bell dont la place Gustav Nachtigal est en phase d’être rebaptisée en son nom. C’est tout un symbole, d’après le prince Kum’a Ndumbe III. Martin Dibobe avait déjà été honoré en octobre 2016, avec la pause d’une première plaque sur le mur de sa maison qu’il habitait dès 1918 à la Kuglesrtrasse. Cet évènement, selon le Prince, ne devrait donc pas passer inaperçu. «La déclaration faite en cet instant précis à 14 heures l’est simultanément avec les cérémonies de Berlin », confirme-t-il.
Nouvelle coopération et réappréciation de l’histoire commune
Le gouvernement du Land de Berlin et de la ville de Berlin, capitale de la République fédérale d’Allemagne, a pris la résolution de retirer des noms de rues célébrant d’anciens esclavagistes et colonisateurs pour les remplacer par des noms d’anciens défenseurs des libertés fondamentales, des activistes de l’égalité des droits et des militants ou résistants anticolonialistes. Un acte que le professeur Kum’à Ndumbè III considère comme une victoire suite à plusieurs années de luttes et d’injustices subites par les peuples colonisés d’Afrique.
Cette décision rentre aussi dans le cadre d’une nouvelle coopération entre l’Allemagne et l’Afrique, qui consiste à promouvoir les échanges culturels plus importants, surtout sur le colonialisme et à une réappréciation commune de l’histoire coloniale germano-africaine. Un exemple à suivre du côté camerounais selon le professeur Kum’à Ndumbè où le législateur doit revoir urgemment sa copie pour décoloniser les lois et les enraciner dans les profondeurs du legs millénaire africain. Il est question que les monuments esclavagistes et colonialistes rejoignent les musées et laissent la place à nos héros de libération.
Un plaidoyer a été aussi fait au cours de cette déclaration à l’endroit des autorités camerounaises par le professeur Kuma Ndoumbe : le rapatriement pour des obsèques dignes, des ossements humains des Camerounais assassinés en période coloniale et qui ont été transportés comme trophées de guerre en Allemagne. Ils y ont subi toutes formes d’expérience en médecine. Aujourd’hui encore, leurs restes sont en souffrance à l’hôpital de la Charité à Berlin.
Félix EPEE