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AccueilServices de base au Cameroun : le danger du monopole (1)

Services de base au Cameroun : le danger du monopole (1)

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L’eau, l’électricité, et la propreté dans la ville, sont là les trois services de base les plus mal fournis au Cameroun. Déjà une bonne partie de la population ne bénéficie pas de ces services, et pour ceux qui ont la chance d’en bénéficier, la qualité de service est si médiocre que les plaintes sont légions. On ne compte plus des cas où des populations ont eu à se soulever et barrer les routes pour réclamer l’électricité.

Mécontentement

18 juillet 2018 à Bertoua chef-lieu de la région de l’Est. La population manifeste tout en paralysant la circulation sur certaines voies publiques pour se plaindre d’un délestage qui durait depuis trois semaines. 11 mars 2019. Pas moyen d’entrer ou de sortir de Belabo dans la matinée. Sous le regard des soldats du Bataillon d’Intervention rapide (BIR), les populations de cette localité de la région de l’Est toujours, obstruent l’axe qui sert d’entrée et de sortie avec des barricades. Elles réclament le rétablissement du courant électrique dont elles sont privées depuis un mois. Après des pourparlers avec les forces de l’ordre, elles lèvent les barrières suite à la promesse du retour de l’électricité, ce qui sera fait quelques heures plus tard. De juillet à octobre 2018 d’ailleurs,  les localités de  Doumé, Abong Mbang, Dimako toujours dans la région de l’Est, ont été secouées par des mouvements d’humeur des populations exigeant le retour de l’énergie électrique.

Ces cas non exhaustifs sont connus juste parce que les populations ont crié leur ras le bol, mais il y a bien d’autres localités du pays où on a oublié depuis longtemps ce qu’on appelle électricité, malgré l’existence du réseau. Ce réseau qui parfois est simplement décapité par des populations qui se demandent bien à quoi il sert, et revendent dans le noir les câbles et les accessoires pour se consoler. Dans les grandes villes, comme quelque chose de normale, la société en charge de la distribution de l’énergie électrique a fait accepter les coupures aux populations, à laquelle des calendriers de délestage sont désormais proposés sous le prétexte d’entretien du réseau.

L’eau, il faut oublier

Il en est de même pour l’alimentation en eau potable. Ici aussi, la population globale qui a accès à ce bien est minable, à l’observation réelle. Selon la Banque africaine de développement, le  taux de desserte en eau potable au Cameroun était de 33% en 2010  comparé à un pays sahélien comme le Sénégal où ce taux était de 98% en milieu urbain et de 82% en zone rurale. En clair, 67% de Camerounais n’étaient pas connectés au réseau d’adduction d’eau. Mais même à ce niveau il faut faire la différence entre être connecté au réseau de distribution d’eau potable, et être alimenté, car les installations hydrauliques dans la majorité des ménages en ville sont plutôt des ornements.

Les réclamations persistent depuis quelques jours dans la ville de Yaoundé. Les consommateurs accusent le coup. Camwater s’explique sous fond de mea culpa. Dépendance à Eneo. C’est l’une des raisons qu’évoque un technicien de la maison. «Quand il y a coupure d’électricité, nos installations aussi s’arrêtent et quand l’énergie revient, parfois les pièces les plus fragiles sont endommagées. Ça nous crée des pannes.

Si le distributeur de l’électricité a même la politesse d’informer les populations de ses coupures, celui de l’eau ne s’embarrasse pas de ces formules. C’est la torture qui est la règle ici, les populations doivent dormir avec une oreille attentive, en espérant que le précieux liquide coule des robinets à partir d’une heure tardive. D’autres n’ont qu’un vague souvenir de la dernière fois où elles se sont lavées sous une douche en faisant couler de l’eau. La situation est telle que personne n’ose plus s’en plaindre, les plus aisés se sont résolus à faire des forages, devenus une bouée de sauvetage pour les populations environnantes.

Salubrité publique, on se débrouille

Pour ce qui est de l’hygiène et de la salubrité publique, les villes camerounaises offrent également un visage pitoyable. Le drainage et le traitement des eaux usées est déjà une catastrophe, mais sortir des quartiers où les populations font désormais corps avec les puanteurs, on retrouve sur la place publique les ordures ménagères. Ce volet est jusqu’ici confié à un prestataire qui opère dans une quinzaine de villes du Cameroun. Avec plus ou moins de bonheur, ou de malheur pour être plus réaliste. Il a beau déployer le personnel, exhiber de temps en temps du nouveau matériel roulant, les ordures ménagères ont toujours le dessus. Les immondices s’accumulent au quotidien et font désormais partie du décor des villes. Au point où l’opinion a déjà jugé et condamné les prestations comme étant simplement nulles. Mais l’entreprise ne manque pas d’arguments pour se défendre, tout comme celles responsables de l’électricité et de l’eau.

Sauf que ce qu’il y a à retenir, c’est que la population camerounaise est loin de jouir de ses droits garantis par la Constitution, d’avoir accès à ces services élémentaires de base garantissant une vie décente que sont l’électricité, l’eau et un milieu de vie sain. Pourquoi une telle situation perdure d’années en années sans qu’une amélioration ne soit perceptible ? Pourquoi les choses semblent s’empirer chaque jour un peu plus ? Des observateurs sont convaincus que le malheur des populations est  que les entreprises en charge de la fourniture de ces services sont en situation de monopole, qui leur fait croire qu’elles peuvent tout se permettre, sauf la satisfaction du client.

A suivre…

Roland TSAPI

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