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26 mois sans salaire : la colère noire des agents municipaux d’Edéa II

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Ils ont franchi, ce lundi 22 décembre, un nouveau cap dans la contestation en manifestant devant une mairie totalement fermée. L’échec du dialogue social, les accusations d’opacité financière et la détresse humaine des grévistes ont transformé un conflit salarial en une crise ouverte de gouvernance communale.

Ce lundi matin, 22 décembre 2025, un silence lourd et inhabituel pesait sur la mairie d’Edéa 2. Portes closes, bureaux vides. Seule une trentaine d’agents, vêtus de noir et assis à même le sol devant le portail de fer forgé, rompait cette inertie administrative. Par cette manifestation silencieuse et déterminée, ils ont matérialisé l’enlisement total d’un conflit social vieux de plusieurs années, cristallisé par 26 mois d’arriérés de salaire. Cette sortie publique, annoncée après l’échec d’une réunion de médiation le 19 décembre dernier, marque un tournant radical dans une crise qui glisse désormais de la revendication salariale vers une grave mise en cause de la gouvernance locale.

La situation actuelle est le fruit d’une longue dégradation. Vendredi 19 décembre, une réunion tripartite, convoquée par des conseillers municipaux dans l’espoir de trouver une issue, a achevé de briser toute confiance. Les agents y dénoncent des propositions « irréalistes » et « provocatrices », évoquant notamment une suggestion de licenciement pur et simple du personnel gréviste. L’attitude du maire, M. Jean Mbei Nje, jugée méprisante, et la menace de sanctions pour participation au mouvement ont été perçues comme une tentative de répression. C’est sur ces cendres que la promesse d’une manifestation publique pour ce lundi 22 décembre a été faite, et tenue.

Lire aussi : Crise à la mairie d’Edéa IIᵉ : anatomie d’un pourrissement administratif  

De l’espoir du dialogue à la radicalisation

Les pancartes rudimentaires, faites de planches et de craie, ont porté la grogne dans l’espace public. « Monsieur le Gouverneur, le Préfet, Mme le Sous-préfet. 26 mois sans salaires. TROP c’est TROP !!! », pouvait-on lire. Un appel à l’aide lancé aux autorités de tutelle, signifiant que les agents estiment le conflit désormais hors de portée de la seule administration municipale.

La parole, longtemps contenue, a explosé ce lundi. Le Chef Service des Affaires Générales, dont les propos résument l’exaspération générale, a dressé un tableau sombre et émouvant de la situation. « Depuis six années, on a les arriérés de 2019 […] Malgré toutes nos démarches, nous n’avons reçu en face que des brimades, des menaces de licenciement, des accusations fausses de manipulation », a-t-il lancé, la voix chargée d’une colère froide.

Le cri des oubliés d’Edéa II

Il a évoqué le drame humain derrière les chiffres : des collègues décédés, faute de soins accessibles ; d’autres, diabétiques ou hypertendus, incapables de suivre leur traitement. « Nous avons la mairie qui a le plus fort taux de mortalité en ce moment. Les collègues meurent », a-t-il asséné, citant les noms de disparus.

Surtout, il a pointé du doigt ce qui apparaît comme le cœur du conflit : une opacité financière jugée insupportable. « On a des carrières de sable dont la taxe […] donne beaucoup de millions actuellement par mois. Le receveur s’assoit dessus avec le maire sans aucune comptabilité transparente. Dans une opacité totale, ils vivent à plein régime », a-t-il accusé, dénonçant des conditions de travail dégradantes pour le personnel, contrastant avec le confort perçu des bureaux de la maire et du receveur.

Lire aussi :Mairie d’Edéa II : l’impasse totale   

Responsabilités et déni

Face à cette crise, la communication des autorités municipales est au point mort. Le receveur municipal s’est réfugié derrière un droit de réserve. Le maire, après des jours de silence, a finalement renvoyé votre journal vers ses collaborateurs dans un message laconique. « Rapprochez vous de mon celcom et mon SP… Mbock et Nemba », nous a-t-il répondu avec frondeur. Interrogé par nos confrères de Étoiles Magazine, il a minimisé la crise, affirmant que la commune « n’a pas d’arriérés pour l’année en cours » et rejetant la responsabilité du « blocage actuel » sur une « incompréhension et une mal collaboration » entre son cabinet, le receveur et le secrétaire général. Peut-on lire de ce qui transpire de la plume de Bernard BONGA.

Cette version entre en collision frontale avec le vécu des agents et soulève des questions de gestion. Le droit de la gestion communale impose pourtant une obligation de transparence et de responsabilité dans l’utilisation des fonds publics, ainsi qu’une obligation patronale fondamentale : le paiement du salaire. L’accumulation d’une dette salariale sur 26 mois, couvrant deux mandats, interroge sur le respect des procédures budgétaires et l’effectivité des contrôles.

Issue incertaine ?

Le rapport de force est désormais clair. D’un côté, des agents municipaux unis, déterminés et légitimés par l’extrême durée du préjudice subi, qui ont épuisé les recours internes et en appellent à l’opinion et aux tutelles. Leur force réside dans la justesse de leur cause et le coût humain et politique de la crise. De l’autre, une équipe municipale fracturée, semblant se renvoyer la responsabilité, et dont le mutisme alimente les accusations d’opacité. Le maire, principal responsable exécutif, apparaît isolé et en retrait.

La manifestation de ce 22 décembre n’est pas une fin, mais une escalade. Les agents le clament : « Cette grève n’est pas la dernière. […] On la fera jusqu’à ce que nos 26 mois soient payés. » Le bras de fer plonge l’institution communale dans une paralysie dont la résolution nécessitera plus qu’un énième échéancier. Elle exige une réponse claire sur la gestion passée, une transparence sur les finances présentes et, avant toute chose, une reconnaissance concrète de la détresse de femmes et d’hommes qui, en cette période de fêtes, n’ont plus que leur colère pour tout viatique. L’impact sur la crédibilité de la mairie d’Edéa 2 est déjà une réalité. Sa capacité à se redresser en est une autre.

Cheikh Malcolm Radykhal EPANDA 

 

 

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