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AccueilSinguila : «Si j’étais Camerounais, peut-être que j’aurai fait une carrière anglophone»

Singuila : «Si j’étais Camerounais, peut-être que j’aurai fait une carrière anglophone»

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Après huit ans de silence sur le plan discographique, Singuila revient avec un album mûrement préparé, baptisé «Entre 2». Un album de seize titres qui dégage un fort parfum d’amour. L’artiste reste fidèle à sa nature. Les colorations musicales sont cependant différentes et mixées. L’album est sorti il y a plus d’un mois. Singuila n’a pas choisi l’Europe pour entamer la promotion de l’album. Après la Côte d’Ivoire, l’artiste a mis le cap sur le Cameroun, par l’entremise du label YProd. L’artiste aura toute une semaine pour surtout dédicacer son album. Il a échangé avec les médias le mardi 20 juin 2017 à l’Institut français de Douala.  Dans cette interview, Singuila explique son choix pour le Cameroun, revisite «Entre 2», fait des confidences sur sa vie…lisez plutôt !

Singuila n’a pas choisi l’Europe pour entamer la promotion de l’album. Après la Côte d’Ivoire, l’artiste a mis le cap sur le Cameroun

Quelle est l’histoire de «Entre 2» ?

J’ai voulu intitulé l’album «Entre 2» parce que j’ai voulu faire une sorte de pont entre ma culture occidentale et ma culture africaine. J’ai grandi en écoutant ces deux musicalités. Mes parents ont toujours écouté la musique africaine, en majorité la musique congolaise –parce que j’ai plus grandi avec ma mère-. Vu que je suis né en France, j’écoutais tout ce qui passait, de la musique française, américaine. Il passait très peu de chansons africaines. C’est en grandissant, en évoluant auprès de ma communauté que j’ai découvert d’autres styles de chansons africaines, camerounaise, ivoirienne, togolaise… J’ai toujours eu le souci de mettre en avant le fait que je suis né en France mais que j’ai une double culture. Sur le premier album j’ai une chanson qui s’appelait  «J’avance en chantant» et mon troisième couplet était en Lingala. Un Lingala un petit peu bancal vu que ce n’est pas une langue que je maîtrise. Pour moi c’était important de faire ce pas là alors que ça faisait des années que je n’étais pas retourné en Afrique. Je suis parti du Congo quand la guerre a commencé, quand j’avais 14 ans. J’avais envie de revenir au Congo avec quelque chose de fort parce que j’ai eu une chance d’être parti pendant la guerre, une chance que d’autres n’ont pas eu.

Quelle est la coloration de cet album ?

Dans cet album il y a différentes couleurs. Il y a quelques morceaux africanisants. Il y a un morceau où je me suis inspiré de sonorités asiatiques mais il faut vraiment tendre l’oreille pour s’en rendre compte. On a changé l’arrangement pour qu’il ne sonne pas trop asiatique non plus. Des morceaux à coloration urbaine, des morceaux qui vont sonner un petit peu soul, hip hop. Tout ça c’est au niveau des intitulés des thèmes. Après il faut vraiment écouter les chansons pour sentir les univers parce que dans la Pop il y a différents créneaux. C’est au niveau de ce que je raconte sur certaines chansons qu’on sent si j’ai été léger ou beaucoup plus profond. Sur certaines chansons j’ai même fait des aveux. Il y a même la suite de certains morceaux. Par exemple sur le premier album j’avais fait une chanson qui s’intitulait «Préparatif», où je parle d’une soirée formidable que j’ai envie de passer. Je raconte tout ce que je fais avant que la nana n’arrive à la maison pour passer cette soirée formidable. Comment je fais mon lit, là où je cache mon préservatif, les pompes que je fais pour avoir le buste bien en place…mais à la fin de la chanson la fille n’est pas encore là. Les gens se demandent si ça a marché et il donc il fallait la suite, le moment où la nana arrive à la maison. Vous allez savoir si la soirée a été formidable ou pas. Cette chanson s’intitule «Ça devient chaud». Il n’y a pas mal de chose comme ça. J’adore raconter des histoires.

Un album de 16 titres, c’est dire qu’il y avait à dire…

Non mais ça c’est très peu. Il y a plein de chansons très importantes qui n’ont pas été sur l’album parce que j’ai plein de chose à raconter chaque jour. Par exemple je suis là en train de vous parler. Peut-être qu’à un moment l’une d’entre vous m’a fait un clin d’œil et je lui ai fait oui. Après on s’est retrouvé à tel endroit, j’ai vu qu’elle était avec son mari. Tout est matière à être croustillant.

Singuila n’a-t-il pas d’autre thème plus porteur que l’amour ?

Il y a des thèmes différents mais je pense que l’amour est le thème le plus porteur parce qu’on vit tous de ça. On se bat pour ça. A un moment de sa vie, c’est ça que l’Homme doit mettre en avant. Il y a d’autres thèmes. La chanson en hommage à ces femmes qui éduquent seules leurs enfants c’est une thématique. Je parle encore d’amour parce que c’est celui d’une mère pour ses enfants, les sacrifices qu’elle va faire pour qu’ils ne manquent de rien, au détriment de ses besoins à elle. Il faut aller dans l’univers «Entre 2» parce que c’est mieux d’arriver sur quelque chose d’un peu léger, de l’amour, puis ensuite on creuse le personnage pour voir qu’il y a quelque chose d’autre à raconter. Il y a des featuring avec le rappeur Belge Za, la rappeuse Française Sofiane, le Français Alonso, Youssoupha. Après il y a une petite apparition sur la chanson «Ça devient chaud» de Lynsha, qui est une très bonne amie. J’avais besoin de sa jolie voix pour une chanson de charme.

Qu’est-ce que le Cameroun a de particulier par rapport aux autres pays que Singuila visite ?

Je suis venu plusieurs fois au Cameroun et chaque fois c’était des choses différentes qui m’ont séduites. La première fois  je ne m’attendais pas à autant de ferveur par rapport à moi. Je ne pensais pas que les Camerounais aimaient ma musique plus que ça. J’ai été séduit. La deuxième fois je me suis rendu compte que ce n’était pas que la musique qu’ils aimaient, c’était ce que je représentais à leurs yeux, du fait de mon parcours. Je suis quelqu’un qui a vachement galéré. Ça donnait de l’espoir. Il y avait un côté simple et abordable qu’ils aimaient bien alors que moi ce n’est pas un truc que j’ai cherché à avoir. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même lot, mais je pense que certains artistes sont plus amoureux du concept star que de la musique. Je suis plus amoureux de la musique. S’il faut parler de particularité du Cameroun je peux parler artistiquement. J’ai eu la chance d’aller à un musée qui présentait le Cameroun et où on disait que c’était l’Afrique à miniature. J’ai retenu ça parce que déjà il y a différent type de Camerounais. Il y a des clairs, des noirs, des minces … Au niveau de la musicalité c’est très large. Tu as des gens qui vont être très larges, d’autres très typiques, d’autres avec des voix roques, des voix fluettes. C’est un pays qui m’épate par sa richesse, sa créativité. Quand j’ai fait cette visite au musée, j’ai vu qu’en fonction des coins, il y a des climats totalement différents, donc des styles vestimentaires différents. Il y a une double culture au niveau des langues nationales. Je suis un petit peu jaloux de ça. Si j’étais Camerounais peut-être que j’aurai fait une carrière anglophone. (Rire). J’ai de très bons amis ici. J’ai noué des liens particuliers avec des gens. Non, je ne suis pas avec une Camerounaise mais j’ai une de mes sœurs qui habite du côté de Yaoundé. C’est quelque chose de très important de garder ce lien avec le public camerounais parce que c’est un public qui me porte aussi à travers le monde. La communauté camerounaise est en train de grossir. Partout où je vais, je rencontre pas mal de Camerounais. J’avais eu un problème une fois avec ma mère. Suite à la guerre, il fallait que je la fasse venir en France. C’est un épisode dont je n’ai même jamais parlé je crois. Ma mère n’avait pas les bons papiers pour passer la frontière en France et on voulait la renvoyer dans un pays en guerre. C’était au moment où j’avais eu ma première avance de maison de disque. C’est une femme, avocate camerounaise –voilà pourquoi j’aime les femmes, Rires- qui a géré le problème jusqu’aux tribunaux. Ça s’est bien passé. Je pourrai encore faire des chansons sur le Cameroun.

Pourquoi Singuila commence la promotion de son album par le Cameroun ? Les albums se vendent bien ici ?

Je ne sais pas du tout ce que vaut le Cameroun en termes de vente mais ce qui est important pour moi c’est de raconter mes histoires, de toucher mon public, de rentrer dans le cœur des gens, dans les foyers, que les enfants grandissent avec un eu de culture de Singuila, comme moi j’ai pu grandir avec la culture d’autres artistes qui ont fait de moi la personne que je suis. Après c’est bien s’il y a un marché, c’est tant mieux. Quoi qu’il en soit je sais qu’en matière de vente de disque, je pense que tout va se mettre en place. Vu que la musique évolue vachement ici, les artistes locaux doivent se rendre compte de tout le manque à gagner et forcément au bout d’un moment des solutions vont se trouver pour qu’ils se retrouvent au niveau des ventes. Avoir autant de public, autant de bonnes oreilles, de bonnes sensibilités sans pouvoir en profiter financièrement c’est dommage. Quoi qu’il en soit j’adore les moments que j’ai passés ici, les shows que j’ai faits, l’accueil que j’ai eu, que ce soit juste les gens ou les médias. Le côté un peu piquant que peuvent y avoir certains médias est aussi intéressant parce que c’est grâce à ça qu’on voit comment un artiste est en tant que personne et c’est ça le mur à briser. C’est ce que les gens veulent savoir. Est-ce que ce mec qu’on voit à l’écran est drôle, est-ce qu’il a un second degré ? Il n’y a personne d’autres que les Camerounais qui vont me poser les questions auxquelles eux-seuls seront sensibles. Les questions qu’on me posera dans d’autres pays seront des questions qui vont touchées les personnes de ces pays.

Entretien avec Singuila et les journalistes

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