Entre difficulté de se nourrir, se loger, se soigner et bâtir une famille grâce à l’activité qu’ils ont choisie, les footballeurs de Ligue 1 et Ligue 2 tirant le diable par la queue, accusent des mois d’arriérés de salaire. Le tableau noir de cet « esclavage moderne » est peint par le Syndicat national des footballeurs camerounais dans un rapport rendu public la semaine dernière.
Révélation fracassante mais pas surprenante pour qui connaît la misère dans laquelle baignent les footballeurs camerounais et la morosité des championnats dits professionnels dans lesquels ils évoluent. Le Synafoc et la Fifpro qui révèlent dans un rapport publié sur leurs sites internet que « sur les 33 équipes que compte la Ligue de football professionnel du Cameroun, seuls 24 ont pu régulariser les arriérés de leurs équipiers », n’ont pas ouvert la boite de Pandore. Ils ont juste eu le courage de ressortir des chiffres qui viennent confirmer que les clichés avilissants que la presse sportive et certains observateurs avisés de la scène footballistique au Cameroun ont longtemps brandi, n’étaient pas une vue de l’esprit. Le constat est donc là, implacable ! Les joueurs sont dans la dèche et le martyr qu’on leur fait endurer est des plus inacceptables. Face à cette situation, le Synafoc et la FifPro ont officiellement saisi la Fédération internationale de football association (Fifa) et la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) afin qu’ils somment instamment aux clubs de régler leurs dettes envers les joueurs faute de quoi, ils seront sanctionnés.
Opération « stades morts »
« La situation est désastreuse », s’est indigné Gérémie Njitap, président du Synafoc, avant d’ajouter que : « Nous avons reçu des appels de joueurs ayant de graves problèmes pour nourrir leurs enfants. C’est choquant ! En plus ces joueurs non rémunérés sont également vulnérables aux approches des truqueurs de matchs ». En plus des salaires impayés, d’autres raisons sont également évoquées dont les ruptures abusives des contrats qui sont légion. Entre autoritarisme des dirigeants de clubs et méconnaissance des textes qui encadrent la professionnalisation (autoproclamée) du sport roi au Cameroun, les joueurs, considérés ailleurs comme des matières premières de l’équipe, deviennent des otages d’un management villageois. « Il faut dire que certaines de ces décisions datent de 2011. Nous pensons qu’ensemble avec tous les acteurs du football camerounais et le gouvernement, nous devons trouver des solutions à ces problèmes. Le Synafoc enseigne aux joueurs à se comporter en professionnels et à respecter les contrats qu’ils signent. Nous attendons donc le même comportement professionnel des clubs », avise Njitap. Rappelons que cette crise financière survient alors que les clubs de la Lfpc reçoivent régulièrement depuis 2011, les subventions de l’État, destinées à contribuer à la rétribution des salaires des joueurs. Une opération « stades morts » serait envisagée dans les tous prochains jours si rien n’est fait pour résorber cette situation qui vient ternir davantage l’image d’un foot-pro mort-né.
Cotisations Cnps
Sept années après la mise sur pied de la Lfpc, la professionnalisation de notre football va de mal en pis. Où sont passées les clauses de la Convention Minsep/Cnps/Fecafoot/Synafoc et les Associations de corps de métiers du football signée en 2013 ? Le sujet avait pourtant fait l’objet d’un atelier organisé par la Caisse nationale de prévoyance sociale pour la mise en œuvre de ladite convention. Laquelle stipulait que les clubs ont l’obligation de procéder à leurs immatriculations à la Cnps et 8 jours après, à celle des joueurs et du personnel. Après cette immatriculation, une attestation pour soumission (Aps) devrait être remise aux clubs et les comptes cotisants ouverts à leur profit. Par la suite, les clubs auraient l’obligation de déclarer tous les mois à la Cnps le nombre de jours de travail effectués par les joueurs et l’ensemble des rémunérations et primes qui leur sont versées. Lorsque cette obligation ne sera pas respectée, la Cnps pourra saisir le club indélicat, bloquer ses comptes bancaires et engager des poursuites contre celui-ci. Blablabla !
Daniel NDING