En prélude aux scrutins du 9 février 2020, les chefs traditionnels Sawa du Wouri exigent des formations politiques, l’investiture majoritaire des natifs Sawa dans les listes à candidature.
55%. C’est le «stricte minimum» que réclament les Chefs traditionnels des villages Sawa du Wouri, aux partis politiques. Il ne s’agit pas d’une négociation. Le ton ferme de Sa Majesté Essombey Ndambwe témoigne du caractère sérieux du message des chefs. Devant la presse ce lundi 18 novembre 2019 dans sa chefferie à Sodiko, Sa Majesté Essombey, a relevé les enjeux des élections des députés et des conseillers municipaux du 9 février 2020. Le point de presse de ce jour est la recommandation de l’assemblée des gardiens de la tradition du peuple Sawa, tenue la veille. C’est dire combien le malaise pèse dans la communauté.
Les dernières élections locales «ont laissé une profonde amertume aux filles et fils du terroir. Il suffit de voir combien de natifs du département du Wouri sont députés, maires ou simplement conseillers municipaux», indique les chefs traditionnels dans leur déclaration. Non sans dénoncer la «marginalisation volontaire des enfants du Wouri par les différents états-majors politiques.» Pour un rééquilibre des choses et le respect des natifs, les autorités traditionnelles exigent aux différentes chapelles politiques la loi du 55%. «Nous pensons qu’il est légitime que dans chaque commune de ce pays, les natifs obtiennent 55% au minimum des investitures, le reste de la communauté nationale se partageant les 45%. Nous proposons que chaque parti politique rende public un engagement ferme à respecter les natifs de chaque terroir en leur réservant la majorité des sièges. Que l’on arrête de nous servir l’argument condescendant voir méprisant du nombre et de la qualité de nos enfants dans les partis politiques. Ils sont à l’image de tous les Camerounais. Bons, moins bons, mauvais, selon les cas», martèle les autorités.
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Les partis politiques sont appelés au compromis. «Le Wouri par notre voix vous demande de lui réserver 55% des conseillers municipaux, 90% des postes de maires à défaut de nous donner les 100% et au moins la moitié des sièges de députés. La politique c’est le compromis. Les partis politiques devraient appliquer ce compromis partout sur le territoire national. Nous sommes tous des Camerounais, mais il faut reconnaître la place de chacun où il se trouve. Ce n’est pas parce que je t’invite à ma table que tu vas t’assoir sur mon siège», ponctue Sa Majesté Essombey. Non sans souligner qu’il y va de la paix et de l’intégrité nationale. «Mahatma Gandhi, apôtre de la paix, avait dit que si la seule alternative à la lâcheté était la violence, il choisirait la violence. Le Wouri ne veut pas être lâche. Ne le condamnez pas à la violence, mais évitons la langue de bois», dixit la déclaration, avec un index dirigé vers le pouvoir.
Heure de vérité
Si le Rdpc, qui est aux commandes du pays veut témoigner sa volonté réelle à la «sauvegarde des intérêts des peuples natifs de chaque circonscription», il devrait introduire une loi sur le «quota minimal de 55% de natifs.» Quand au Mrc «sur qui pèse de très lourds soupçons de tribalisme, nous disons que l’heure de vérité a sonné. Dès la publication des listes de candidatures, ce n’est plus ce que nous pensons qui prévaudra. C’est ce que chaque parti et notamment le Mrc aura fait de ses listes, qui exposera à la face de la communauté nationale et internationale, sa vraie image. L’avenir et la stabilité de notre pays sont entre vos mains.»
Les natifs Sawa sont ainsi appelés à déposer massivement leurs candidatures dans leurs formations politiques afin d’être investis. L’un des objectifs étant que Douala qui compte 6 mairies, n’est plus seulement deux maires natifs. Les chefs traditionnels Sawa sont intransigeants. «Notre pays sera certainement plus beau, plus grand si au soir de la publication des listes de candidatures, au soir du 9 février et au soir des élections des exécutifs municipaux, les filles et fils du Wouri et de manière plus large de toutes les circonscriptions électorales du pays, dorment avec le sentiment qu’ils ont la place qu’ils méritent dans leur terroir. Rendez-vous ici en décembre pour analyser, liste après liste, les candidatures investies par les partis politiques.» Chaud devant !
Valgadine TONGA