La réunion convoquée le 24 mai 2022 par le préfet du Wouri, Benjamin Mboutou a accouché d’une souris.
Initialement prévue à la salle des banquets des services du gouverneur de la région du Littoral, c’est finalement dans la salle de banquets de la préfecture du Wouri que s’est tenue cette séance de travail. Personnellement convié à cette rencontre convoquée par le préfet du Wouri, le Roi du canton Bell, SM Jean Yves Eboumbou et ses notables étaient aux abonnés absents. Rencontre également boycottée par les victimes désignées comme autochtones. Certainement avaient-ils vite pesé la légèreté du vent qui leur sera vendu.
La salle était constituée des conseils de quelques victimes dites allogènes. Les médias ont été refoulés. Les allogènes ne se faisaient pas d’illusion. «J’avais déposé des requêtes en 2020, c’est aujourd’hui en 2022 après démolition, qu’on va peut-être les examiner, si je m’en tiens au communiqué. Qu’est- ce qu’on va examiner ? Je suis seulement venu écouter ce que va dire l’administration. Je n’ai rien à dire » confie, la mine triste Justin Mballa, habitant déguerpi de Dikolo-Bali.
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En effet, il était juste question lors de cette réunion, de dire aux victimes qui ne figurent pas sur le décret d’indemnisation, qu’ils ont la possibilité de faire des requêtes. «On demandait aux gens de faire des requêtes notamment ceux qui n’ont pas reçu leur argent, ceux dont les maisons n’avaient pas été évaluées. Ceux qui ne figuraient pas dans le décret d’indemnisation. Aujourd’hui, ceux qui ont des titres fonciers qui ne les avaient pas présentés, on leur a demandé de déposer leur titre foncier en faisant des requêtes. Vous savez que dans la Dup de 2015, (domaine d’utilité publique), les titres fonciers n’étaient pas considérés parce que la loi dispose que lorsqu’un domaine est déclaré d’utilité publique, les titres fonciers deviennent caducs. Mais aujourd’hui, ils sont en train de considérer les titres fonciers. Par contre ceux qui ont aménagé leurs maisons après la Dup de 2015, n’ont pas été réévaluées dans la Dup de 2020 », nous explique à l’issue de la rencontre, Joël, un autre habitant déguerpi. Il n’est donc pas question de réviser les montants des indemnisations comme l’a laissé prétendre une information abondamment relayée depuis la convocation de cette réunion.
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Démolition de Dikolo-bali.Depuis la démolition de ce village, le samedi, 14 mai 2022, les populations de ce village ont perdu goût à la vie. «Jusqu’à aujourd’hui, nous ne comprenons pas ce qui nous est arrivé. Nous avons été déguerpis comme de vulgaires personnes, des bandits, des occupants illégaux», fulmine Mballa dont le cordon ombilical a été enterré dans ce village qui l’a vu naître.
«Je suis né là-bas. Mon père y est arrivé dans les années 1950. Notre famille y vivait depuis des décennies. C’est plus 70 ans qui ont été effacés en un tour de bras, fustige Mballa. Et de poursuivre : Nous avions quatre bâtiments en matériaux définitifs. Ça ne leur disait rien de mettre les gens dehors. Depuis ces casses, je vivote. Je n’ai pas de quotidien précis. J’ai été recueilli par un cousin. D’autres continuent de dormir à la belle étoile. C’est vraiment difficile à décrire. C’est une situation qu’on ne peut souhaiter à un autre être humain. Parce que nous avons été déshumanisés, on nous a traités moins que des bêtes. Vous êtes sur votre terrain, vous avez vos papiers, on vient vous casser du jour au lendemain sans alternative». Un drame qui suscite une vague d’indignations. Les victimes en appellent dorénavant au secours du Chef de l’Etat.
Blanchard BIHEL
