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Toto Guillaume : «Si vous voulez que je meure, c’est votre problème»

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Scène : Toto Guillaume en octave supérieure

En spectacle vendredi 31 mai dernier  à l’Ifc de Douala, le capitaine de l’équipe nationale du Makossa a servi au public, les parfaites consonances de son vécu artistique.

C’est une sorte de religion musicale à laquelle le public assisté  en ce début de weekend. Quelques  disciples  sont aussi  bien installés pour recevoir les enseignements  du «grand maître». Toto Guillaume ballade l’assistance entre musicalité raffinée et de spiritualité. (Lire l’interview ci-dessous)

Dès son entrée sur scène, l’artiste, tenant dans le noir une fillette tout de blanc vêtue, présente  son attachement aux équilibres de la vie, donc l’obscurité et la lumière dans laquelle nous nageons au quotidien. «Dubè Lam», une de ses chansons qui retrace sa vie d’orphelin et à travers laquelle l’artiste exprime sa foi et sa volonté d’honorer  les missions à lui confiées par le Très-haut pour égayer le monde, est interprétée par son jeune poulain Junior Alex Fon.

C’est le début d’un voyage de plus de deux heures de temps auquel nous entraîne Toguy à travers son riche répertoire. Plusieurs chansons sont jouées. «Some Pita», un questionnement à la méchanceté de l’être humain, «Ndando», la discrimination dont sont victimes les hommes dans ce monde, «Angèle», «Isokoloko»,… Des titres à succès et aux thématiques profondes et variées que les compositions musicales qui les accompagnent. Applaudissements. Le public est entre admiration et découverte.

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L’osmose est parfaite

En effet, Toto Guillaume, artiste musicien, guitariste, auteur-compositeur et arrangeur à la renommée solide, sort d’un long silence musical qui a duré plusieurs dizaines d’années. S’il était connu par ses œuvres, il l’était moins par le biais des spectacles. Et pendant les moments qu’il exerçait en plein temps, il était plus cloîtré dans les studios. L’occasion est donc donnée aux plus jeunes de suivre le parcours créatif de ce génie  unique qui a participé dans l’orchestration et la composition de la grande partie des titres de Makossa. La surprise est plus qu’agréable.

En spectacle vendredi 31 mai dernier à l’Ifc de Douala, le capitaine de l’équipe nationale du Makossa a servi au public, les parfaites consonances de son vécu artistique. C’est une sorte de religion musicale à laquelle le public assisté en ce début de weekend. Quelques disciples sont aussi bien installés pour recevoir les enseignements du «grand maître» Toto Guillaume. «Je vous en mettrai plein la vue
Toguy et Ekambi Brillant.

Un hommage est rendu  à ses référents. Nellè Eyoum, un des créateurs du Makossa à travers sa chanson «Singi». Dans la même lancée, Ekambi Brillant, une autre gloire de la musique  camerounaise et un des précurseurs du Makossa moderne est  invité sur scène. Sous les ovations du public, ils interprètent ensemble «Ndutu» et «Mbana na na». S’en suivra  une démonstration de guitares du « maître » à travers deux de ses compositions «Esewam» et «Paï’ à nyambé». Comme il en est de la voix, l’ancien «Capitaine de l’équipe nationale du Makossa» démontre qu’il tient aussi bien sa guitare. L’artiste enchaîne avec les titres  plus cadencés. Elimbi na ngomo, Nguila Nyama, Dibéna,…  Le show est intense.

Plusieurs  spectateurs ne parviennent plus à se tenir sur leurs sièges. Les couloirs  de  la salle de spectacle sont transformés en piste de danse. C’est l’ivresse. L’osmose est parfaite. La conjonction  entre l’artiste super doué et les musiciens transportés avec un public particulièrement respectueux est extraordinaire. De quoi approuver cette relation directe entre la musique et l’âme, défendue par l’artiste tout le long de son spectacle. Celle de « Nguila nyama» (Roi des animaux) relève, au regard de la qualité de ses œuvres très en avance sur leur temps, de l’exception. Toguy quitte la scène autour de 23 heures après une deuxième reprise de «Mbana na na», sous de salves  d’applaudissements  d’un public satisfait. Quelques regrets hélas, du fait d’une communication manquée autour de cet évènement qui ne lui aura pas permis de faire salle comble.

Félix EPEE

Lire aussi :Musique : Toto Guillaume veut passer le témoin

 

Une deux avec Toguy…

Toto Guillaume : «Si vous voulez que je meure, c’est votre problème»

En spectacle vendredi 31 mai dernier à l’Ifc de Douala, le capitaine de l’équipe nationale du Makossa a servi au public, les parfaites consonances de son vécu artistique. C’est une sorte de religion musicale à laquelle le public assisté en ce début de weekend. Quelques disciples sont aussi bien installés pour recevoir les enseignements du «grand maître» Toto Guillaume. «Je vous en mettrai plein la vue

Vous avez fait des scènes depuis votre retour au Cameroun en 2016. Qu’est-ce qui a fait la particularité de ce spectacle ?

C’est différent parce que c’est la première fois que je suis sur la scène de l’Ifc. Dernièrement on a joué en plein air, donc je ne connais pas l’acoustique, les repères de la scène, mais on fait confiance à ceux qui bossent avec nous. Je pense que pour une première expérience, elle  a été positive parce que là on a un matériel, des lumières et un personnel qualifié qui travaille. Ça facilite quand même les choses, pour nous qui sommes un peu exigeants. Dans l’ensemble, je crois que nous avons eu l’essentiel, les ingénieurs ont été formidables.

Sur le plan émotionnel, comment vous sentez-vous ?

On fait de la musique. Quand ça sonne ça sonne. Et puis je prends tout cela avec philosophie, pour ne pas tomber dans la vaine gloire, la vanité. On est heureux, le public est là, il a chanté, on a joué. Pour moi ça va.

Vous étiez là au fondement de l’Equipe nationale du Makossa, dans les Black Style… Quelle est votre analyse quand vous entendez les gens dire que le Makossa est mort ?

Le Makossa est là et il sera toujours là. Si vous dites que le Makossa est mort ça veut dire que Manu Dibango est mort, que Richard Bona est mort, je peux vous citer tout un tas d’acteurs. On peut comprendre le fait de vouloir la nouveauté ou quand il y a un phénomène de mode. On oublie que dans le mot Makossa il y a tout un mélange des meilleures sonorités, de meilleures orchestrations, de meilleurs arrangements. J’ai vécu dans un Cameroun qui n’était pas divisé comme c’est le cas aujourd’hui. Il y en a qui font l’apologie ou la promotion de la musique dite urbaine. Je leur demande ce qu’ils mettent dans le mot musique urbaine ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Pour moi ça ne veut rien dire. D’autres font la promotion du Bikutsi, je leur demande ce que ça veut dire ? L’équivalent c’est quoi ? Au Littoral c’est le Bolobo, à l’Ouest c’est le Benskin. Quand on ne comprend pas cela on peut se permettre de dire des choses. Et surtout vous les hommes de médias, vous en rajoutez des couches. Soit vous faites votre job parce que vous estimez ou vous sous-estimez les uns et les autres, mais moi qui suis un élément fédérateur, je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. A force de répéter que le Makossa est mort, on dirait que vous avez programmé sa mort. Bon, si vous voulez que je meure, c’est votre problème. Mais pour l’instant, Dieu me donne encore la vie dans le monde des vivants, et je vous en mettrai plein la vue.

Quel est votre agenda après ce concert ?

J’ai les réalisations à terminer. Je vous ai présenté un brillant jeune artiste dont on entendra parler dans les semaines et les mois qui viennent. Il y a d’autres réalisations à faire sur place. L’arrangement de l’album de Kaisa Pakito fait partie des projets que je vais entamer dès lundi. Je vais lui offrir un bel arrangement. C’est bien de faire de la scène, mais si on ne forme pas des acteurs qui seront à même de prendre la relève ou de rehausser nos musiques, on aura toujours ces interpellations. Peut-être que vous ne le percevez pas, mais la mutation du monde fait qu’aujourd’hui, on vous manipule avec, soi-disant des nouveautés, afin que vous oubliez vos richesses. Et quand elles sont puisées ici et vous reviennent des Etats-Unis, vous dites que c’est extraordinaire, c’est tellement bon. Nous, on a des oreilles quand même pour synthétiser, évaluer, discerner. On se dit qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil et on défend cette cause jusqu’au dernier souffle.

Entretien avec Valgadine TONGA

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